é sur une ligne de production de skis Rossignol et Dynastar, le 10 janvier 2013 à Sallanches (Haute-savoie) (Photo : Philippe Desmazes) |
[11/01/2013 14:34:45] SALLANCHES (AFP) “Ca paye le +made in France+!”, s’exclame Hervé Gaillard, ouvrier de l’usine Rossignol à Sallanches (Haute-Savoie), deux après la relocalisation d’une partie de la production du groupe dans l’Hexagone.
Au pied du Mont-Blanc, les 180 salariés de l’usine de skis de Sallanches ont le sourire, alors que la direction a décidé de rapatrier en France la production de 20.000 paires de skis supplémentaires en 2013.
Comme les autres skis Rossignol, ils seront ornés du macaron “Born in Chamonix Mont-Blanc Valley”, fruit du label “origine France garantie” obtenu par Rossignol.
En contrôlant la qualité des skis arrivés en bout de chaîne, Hervé Gaillard, employé depuis 21 ans, constate que “le +made in France+ permet de faire des embauches et d’investir dans de nouvelles machines”.
Car la relocalisation en septembre 2010 de la conception de 60.000 paires de skis, jusqu’alors produites à Taïwan, n’a pas seulement permis de sauver le site, elle a directement poussé Rossignol à embaucher 25 personnes (sur les 56 embauches depuis 2010). Rossignol a aussi prévu d’investir 10 millions d’euros en 2013 sur ses usines de ski, dont 60% sur ce site, et de lancer une nouvelle gamme de skis junior.
à Sallanches (Haute-savoie) (Photo : Philippe Desmazes) |
Les années noires où les salariés craignaient de voir l’usine fermer ses portes semblent donc révolues. Lorsqu’il était encore propriété de l’Américain Quicksilver, Rossignol perdait environ 200.000 euros par jour.
Le groupe français a certes fortement réduit sa production et ses effectifs (180 salariés à Sallanches en 2012 contre 600 en 1998), mais développe aujourd’hui des produits de qualité supérieure, avec des marges plus grandes.
Le processus de fabrication des skis est aussi moins manuel. La partie “sciage” de l’usine, par exemple, où le noyau de bois est affiné, est presque entièrement automatisée.
Cette modernité, et le savoir-faire des ouvriers de Sallanches, sont vantés par le PDG Bruno Cercley, qui se félicite en tant que précurseur que le “made in France” fasse aujourd’hui des émules, mais rappelle que le label “ne peut pas être l’unique argument de vente, il faut que le produit soit bon”.
Philanthropes
Nous ne sommes pas des philanthropes”, a-t-il ajouté jeudi lors d’une conférence de presse. “La relocalisation, ce n’est pas une doctrine chez Rossignol, ce qui compte c’est d’être compétitif”.
Plus proche des matières premières et de ses clients, plus réactif aux soubresauts du marché liés à l’enneigement, Rossignol a facilement pu compenser la hausse du prix de la main d’oeuvre pour son activité skis. En 2012 le groupe a produit 300.000 paires à Sallanches, un tiers de ses ventes annuelles. Son autre site de production “skis” est situé à Artès, en Espagne.
“Mais attention”, a rappelé Bruno Cercley, “Nous ne nous interdisons pas d’aller ailleurs quand c’est plus avantageux”, évoquant un sous-traitant pour les fixations en Pologne.
Actuellement, le groupe supprime vingt emplois dans le cadre d’un plan de départs volontaires sur son usine de fixations Look à Nevers. Un ajustement nécessaire, estime la direction, au vu d’une baisse de 17% des commandes liée au très mauvais hiver 2011-2012.
Malgré cette nouvelle et les seules 5 à 10 embauches prévues en 2013 sur Sallanches, la marque historique continue à faire rêver la petite ville de montagne.
Dans son restaurant du centre-ville, Chantal Lainé est plus que ravie des succès de Rossignol: “Les gens sont moins stressés depuis que Rossignol a relocalisé ici, on se dit que peut-être, d’autres entreprises vont faire de même”, explique-t-elle.
Le maire de Sallanches, Georges Morand (Divers Droite), parle de “fierté”: “Même si le nombre d’emplois créés est encore faible, c’est remarquable d’avoir sauvé le site, ça prouve qu’on peut investir dans le ski en France”.
Le matériel de ski représente 90% du chiffre d’affaires du groupe français (207 millions d’euros en 2012). Rossignol fabrique aussi des vêtements.
En 2012, le groupe affiche un résultat net de 5 millions d’euros, contre 3 millions un an plus tôt.