Tunisie – Textile : Le salut par l’innovation et le produit fini

Par : TAP

textile-090611.jpgLe textile-habillement, l’un des plus importants pourvoyeurs d’emplois industriels en Tunisie (près de 200.000), se trouve, aujourd’hui, en difficulté en raison de nombreux facteurs internes et externes, d’après les professionnels du secteur. Cette industrie est “très touchée”, d’après eux, par la crise de la zone Euro, première destination des exportations de vêtements tunisiens (97%). En effet, 1.752 entreprises sur les 2.000 que compte le secteur produisent totalement pour l’exportation.

Les dernières statistiques publiées sur le site de l’Agence de Promotion de l’Industrie et de l’Innovation (APII), révèlent une baisse des exportations du textile-habillement, de -8,3% en 2012 (jusqu’au mois de novembre), à 4439,8 millions de dinars, par rapport à 2011.

Le président de la Fédération nationale du textile (FENATEX) relevant de l’UTICA, Belhassen Ghrab, a indiqué à la TAP que “toute l’industrie du textile dans le pays n’est pas sortie indemne, des soubresauts qui ont marqué le pays après la révolution”.

Il a relevé que “cette situation a touché les points de vente”, faisant état d’une “baisse assez conséquente en 2012, de la consommation sur le marché local au niveau des ventes dans les boutiques. Les consommateurs ont été découragés par le climat d’insécurité et aussi, par un recul de leur pouvoir d’achat”.

Pour un secteur, ou la majorité des entreprises sont des sociétés off-shore, la principale crainte reste ” de voir les investisseurs étrangers quitter le pays ou mettre fin à leurs projets en Tunisie”, a-t-il dit.

Il a ainsi, rappelé que les sit-in et les grèves observés au niveau des ports, des usines de textile… avaient empêché les entreprises tunisiennes d’honorer leurs engagements envers les donneurs d’ordre étrangers.

Pour le président de la Chambre syndicale nationale des fabricants de la lingerie (CSNFL), Samir Ben Abdallah, ce ne sont pas les seuls soucis du secteur.

“Le marché local est en train d’être submergé par les produits étrangers, notamment turcs et asiatiques. La présence de plus en plus de boutiques qui vendent les produits importés va condamner les produits tunisiens à la marginalisation”.

Il s’est, par ailleurs interrogé, sur la capacité de l’industrie locale du textile-habillement à créer ses propres marques et à arracher sa part du marché mondial de la mode.

Avant d’entamer cette bataille, M. Ben Abdallah a plaidé pour un passage de la sous-traitance au produit fini, étant donné que la majorité (environ 80%) des entreprises tunisiennes opérant dans le secteur, sont des sous- traitantes”.

Il a estimé que si les entreprises du textile réussissent à dépasser le stade de la sous-traitance pour valoriser le savoir-faire local, faire sortir de l’ombre les créateurs tunisiens et encourager la création de marques locales, ceci leur permettraient de monter en gamme.

Pistes pour sauver le textile-habillement

Selon M. Ben Abdallah, la valorisation de la filière passe par une réflexion sur ses limites face à la concurrence étrangère, notamment, chinoise et sud- asiatique (coût de la main-d’œuvre, réactivité, innovation….).

Dans ce cadre, il a évoqué la nécessité pour les entreprises tunisiennes d’apporter une plus-value en développant le sourcing (les matières premières) et la créativité et en renforçant la qualification de la main d’œuvre. L’objectif étant de s’assurer de la pérennité de leur collaboration avec les donneurs d’ordre étrangers.

En outre, le président de la CSNFL, a souligné le besoin de suivre les tendances des consommateurs sur le marché local, pour attirer, à travers une offre avantageuse qualité-prix, une clientèle jusqu’à aujourd’hui tournée vers les marques étrangères et les produits importés”.

WMC / TAP