Comme toujours depuis que j’écris -et critique sous un angle léger et si possible humoristique-, j’essaie de jouer sur les mots; et même avant le 14 janvier, j’avais réussi plus ou moins à rédiger des messages critiques qui, malgré la crainte de mon patron, sont passés comme une lettre à la poste, avec parfois un deuxième degré pas toujours évident pour une Anastasie imbécile. A l’époque, on savait à qui on avait affaire et surtout quelles limites il ne fallait pas franchir, mais de temps en temps, Ibtissem franchissait la ligne jaune.
Aujourd’hui, j’avoue être un peu pommée, il n’y a ni limites, ni ligne jaune, ni rouge, ni aucune couleur, ni cadre… je navigue à vue et ne sais pas si j’arriverai à bon port ou si je risque d’y laisser mon passeport ! Même quand je renouvelle ce document tous les cinq années en ne l’utilisant pratiquement pas –mon patron ne m’envoie pas en mission à l’étranger-, il fait partie de ma panoplie de femme libre. Il ressemble à une fenêtre ouverte sur un courant d’air frais, l’effet est essentiellement psychologique sans plus. D’autant plus que je connais des pays pas très loin de chez nous où le passeport est et reste l’apanage d’une certaine classe sociale.
Aujourd’hui, avec Internet, Facebook, youtube et autres outils de communication, ce document a perdu quelque peu de son poids sans perdre de son importance symbolique et sauf si la présence physique est nécessaire; la communication est devenue tellement virtuelle faisant de telle sorte que de nombreux services peuvent être rendus sans passeport! C’est peut-être pour ces raisons que je ne comprends pas pourquoi on empêche quelqu’un de voyager en le mettant à l’encan comme s’il portait l’étoile jaune ou la cloche de pestiféré!
Des solutions pratiques existent et sont très profitables à l’économie: pour les hommes d’affaires, des cautions financières, et pour les autres qui n’ont pas d’argent comme nous autres journalistes, cette mesure ne peut que nous rendre un grand service, car elle nous fait connaître, fait que les médias parlent de nous, notre cote monte et nos articles deviennent recherchés et donc plus chers. Car ces sévices moraux ne rendent service à personne d’autre que les “dépasseporisés“ et ne peuvent que mettre en évidence les vices d’un système qui finira tôt ou tard par dévisser!