Saint-Gobain change de stratégie sur Verallia et vend la partie américaine

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ée générale du groupe, le 7 juin 2012 à Paris (Photo : Eric Piermont)

[14/01/2013 11:58:45] PARIS (AFP) Confronté depuis deux ans à la difficulté de mettre en Bourse sa filiale d’emballages en verre Verallia, Saint-Gobain a saisi une opportunité de s’en séparer en partie, avec une offre “ferme et irrévocable” du groupe Ardagh pour la branche nord-américaine.

Le groupe français est désormais en négociations exclusives avec le groupe d’origine irlandaise basé au Luxembourg, qui lui a présenté une offre de 1,69 milliard de dollars sans condition de financement.

Le comité d’entreprise doit encore être consulté, mais lors d’une conférence téléphonique, le PDG de Saint-Gobain Pierre-André de Chalendar a qualifié de “plus que probable” l’acceptation de cette offre.

Il s’agit en tout cas d’un revirement dans la stratégie de l’entreprise française vis-à-vis de cette filiale, qu’il essayait vainement de mettre en Bourse depuis plusieurs années.

Il y avait notamment renoncé in extremis en juin 2011, alors que tout était prêt, en raison de mauvaises conditions de marché. Une tempête avait secoué les Bourses mondiales durant l’été.

M. de Chalendar avait néanmoins à plusieurs reprises réaffirmé sa volonté de procéder à cette introduction depuis, tout en attendant le moment opportun.

Mais face à des conditions de marché qui sont restées difficiles en 2012 et la nécessité de plus en plus pressante pour Saint-Gobain de se recentrer sur les métiers de l’habitat, le PDG a préféré saisir une opportunité de se séparer de Verallia, même si ce n’est qu’en partie.

Le montant de l’offre “valorise dans de très bonnes conditions, qui sont supérieures à ce qui était envisagé lors du projet de mise en Bourse” de 2011 Verallia North America, le 2e producteur de bouteilles et de pots en verre aux Etats-Unis, après Owens-Illinois, a estimé M. de Chalendar.

L’offre atteint en effet 6,5 fois l’excédent brut d’exploitation (ebitda) de la partie cédée. C’est “largement supérieur aux transactions dans ce secteur ces dernières années”, où ce multiple était de 5,5 à 6, affirme le dirigeant. C’est “également supérieur au multiple annoncé au moment de l’introduction” envisagée, ajoute-t-il.

Pour Flor O’Donoghue, analyste chez Davy, il s’agit également d'”un prix décent”.

“Même s’il aurait été préférable que Saint-Gobain vende Verallia dans sa totalité, la cession de l’activité nord-américaine semble à première vue être logique du point de vue de la stratégie”, estime-t-il.

Cette opération “est tout à fait en ligne avec la stratégie de Saint-Gobain de se recentrer sur les métiers de l’habitat”, observe aussi Eric Lemarié, analyste chez le courtier Aurel BGC.

La vente de cet actif permet en tout cas de temporiser sur le sort du reste de Verallia.

“Nous ne sommes pas pressés pour la suite”, a affirmé M. de Chalendar, qui envisage “le moment venu, l’opération de cession (du reste) de Verallia”, qui se fera “à la fois quand les perspectives industrielles et la valorisation seront attractives pour Saint-Gobain et ses actionnaires”.

Le groupe a pris bien soin de conserver une cohérence au reste de Verallia, a souligné le patron de Saint-Gobain.

Il “reste un actif de taille mondial, avec un chiffre d’affaires supérieur à 2,5 milliards d’euros un Ebitda supérieur à 500 millions en 2011”, “un actif tout à fait rentable et générateur de trésorerie”, insiste-t-il.

Le produit de la vente devrait permettre à Saint-Gobain de renforcer son bilan, “tout en poursuivant sa politique ciblée d’acquisitions de taille petite ou moyenne”, selon M. de Chalendar.

Les marchés ont réagi positivement lundi à cette annonce, à 10h55, l’action Saint-Gobain gagnait 2,90% à 32,64 euros dans un marché en hausse de 0,47%.