Livret A : le recul du taux devrait être limité à 1,75%

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èces de monnaie (Photo : Guillaume Baptiste)

[14/01/2013 12:54:09] PARIS (AFP) Le taux du Livret A devrait finalement être ramené à 1,75% le 1er février, contre 2,25% actuellement, un repli moins important que ce que les épargnants auraient pu craindre, a annoncé lundi à l’AFP une source proche du dossier.

La rémunération du placement chouchou des Français aurait mécaniquement dû reculer à 1,50% si la formule prévue par la loi avait été appliquée à la lettre. Il est toutefois prévu d’y déroger au nom de “circonstances exceptionnelles” ou de la sauvegarde du “pouvoir d’achat des épargnants”.

Pour obtenir le taux théorique du Livret A, il faut majorer l’inflation d’un quart de point (0,25%) et arrondir au quart de point le plus proche. Or l’inflation a atteint 1,2% sur un an (hors tabac) en décembre, ce qui aurait dû donner 1,50%.

Le gouverneur de la Banque de France, Christian Noyer, avait la possibilité d’opter pour la mise en oeuvre stricte de la formule et sa décision se serait imposée. A plusieurs reprises, il avait semblé pencher pour cette solution.

Mais le ministre de l’Economie, Pierre Moscovici, avait de son côté affirmé vouloir limiter au maximum la perte de rendement du livret.

Afin de trouver un terrain d’entente, MM. Noyer et Moscovici s’étaient rencontrés vendredi matin pour évoquer cette question aux répercussions éminemment politiques, la révision à la baisse du taux étant susceptible de mécontenter les épargnants, dans un contexte économique difficile de surcroît.

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ée le 14 janvier 2013 (Photo : Kenzo Tribouillard)

“La Banque centrale européenne peut baisser ses taux sans que cela intéresse les gens alors qu’il en va autrement avec le Livret A. Avec la règle de fixation de son taux, on se crée des tensions puisqu’on peut avoir le sentiment que c’est le gouvernement qui le décide en fonction de critères qui semblent relever de la gestion politique”, fait valoir Cyril Blesson, associé au cabinet Pair Conseil.

Début 2011, le gouverneur de la Banque de France avait déjà choisi de déroger à la règle en proposant de maintenir le taux à 2,25%, alors que l’inflation aurait dû le faire grimper à 2,75%. Il avait été suivi par le ministre de l’Economie d’alors, François Baroin.

Si le recul du taux est évidemment défavorable aux détenteurs de ce produit, c’est en revanche une bonne nouvelle pour le logement social, financé par une partie de l’argent déposé sur le Livret A, sous forme de prêt. Toute variation du taux fait varier dans la même sens le coût du financement de ces logements.

Dans ce domaine, le gouvernement pourra aussi compter sur l’afflux provoqué par le relèvement de 50% du plafond de ce livret, ce qui l’a fait passer de 15.300 euros à 22.950 euros en deux temps.

La première hausse de 25%, le 1er octobre, couplée à un doublement du plafond du Livret de développement durable (LDD), avait provoqué un afflux record de 21,3 milliards d’euros de collecte sur ces deux produits en un mois.

Un mouvement déploré par les banques, qui ont vu leurs clients ponctionner leurs livrets fiscalisés et leurs comptes d’épargne pour alimenter Livret A et LDD, dont elles ne conservent que 35%, en moyenne, le reste étant centralisé à la Caisse des dépôts.

S’il s’attend à ce que la collecte sur le Livret A soit “un petit peu freinée” par la baisse du taux, M. Blesson relève toutefois qu’il “reste plus rémunérateur net d’impôt que ses concurrents directs”.

Il anticipe néanmoins que l’assurance-vie va profiter de la situation, après avoir été boudée en 2012 par les Français.