111 membres de l’UTICA se sont portés candidats au bureau exécutif de la centrale patronale. Un nombre qui n’est pas définitif puisque jusqu’au dernier moment, c’est-à-dire jeudi 17 janvier, jour de la tenue du Congrès électoral, on peut soumettre de nouvelles candidatures.
Un congrès qui se tient au bout d’une série de reports justifiés par la situation sociale et sécuritaire du pays. Mais aussi par la confusion qui a régné depuis le départ de Hédi Djilani, forcé par des «révolutionnaires» qui se sont découverts, très patriotes, très opposants, très intègres et très courageux» après avoir enfin osé prendre position, victimes qu’elles étaient des «exactions exercées sur elles» par l’ancien régime.
Elles faisaient peine à voir, ces victimes qui faisaient du zèle auprès non seulement de l’ancien président de l’UTICA, mais également des proches du président déchu comme Sakhr El Matri élu à l’époque président de la Chambre de commerce tuniso-britannique, entouré de tous les soins et paré de toutes les éloges de la part des mêmes personnes qui livrent aujourd’hui une bataille sans merci aussi bien à l’ancien président de l’UTICA qu’à l’actuel staff. Mais comme le dit un proverbe bien de chez nous, «El Bagra kif ittih, tokthor skakenha »… (Quand la vache tombe, les couteaux fleurissent).
Et des couteaux, on en a découverts à l’UTICA, lesquels étaient bien aiguisés non pas pour défendre la centrale, préserver sa dimension d’institution historique représentant le patronat et son rôle dans la dynamique économique, mais pour livrer bataille avec pour seul but occuper des sièges au bureau exécutif. Le Leadership économique s’est ainsi engagé dans une véritable bataille des tranchées, commencée à Tunis et ayant atteint son summum à Sfax. La réussite du congrès régional organisé samedi 12 janvier à Sfax a d’ailleurs représenté un défi de taille, car jusqu’au dernier moment, il a fait l’objet de contestations de la part de certains acteurs. Un témoin atteste.
«L’un des instigateurs de ce mouvement de protestation reconnaît avoir dépensé près de 35.000 dinars dans sa campagne pour imposer son clan, on m’offrirait 50.000 dinars, aurait-il dit, je me retirerais de la course». Vrai? Faux?
La question qui se pose avec acuité est comment un patronat confronté à autant de problèmes sociaux et à une crise économique et institutionnelle peut-il tomber si bas et consacrer du temps, de l’énergie et de l’argent à la destruction plutôt qu’à la remise en Etat d’une institution, laquelle, bon an mal an et malgré toutes ses insuffisances, avait imposé du respect et de l’estime à l’international et conservé son positionnement à l’échelle nationale.
Deux ans depuis le 14 janvier et un bilan mitigé
Si l’on devait évaluer le bilan de l’exercice Bouchamoui, présidente de l’UTICA depuis moins de deux ans, la moindre des choses serait de reconnaître qu’elle a, à son actif, la réussite de l’organisation, de tous les congrès régionaux dans des conditions difficiles et sur fond de querelles intestines difficiles à gérer. Le dernier fut le congrès de l’Union régionale de Sfax.
Elle peut également s’enorgueillir d’avoir pu rétablir le dialogue avec l’UGTT, défendre l’image du patronat et leur positionnement dans le pays face à une population peu réceptive, devant les centres des décisions et enfin couronner le tout par la signature toute récente du contrat social. Un contrat qui vise l’instauration d’un consensus national pour un nouveau modèle de développement dans le cadre d’une approche participative entre le gouvernement et les acteurs économiques et sociaux.
Le contrat englobe 5 axes fondamentaux, à savoir la croissance économique et le développement régional, les politiques de l’emploi et de la formation professionnelle, les relations professionnelles et le travail décent, la protection sociale et l’institutionnalisation du dialogue social tripartite. Mais plus important que tout, le contrat social vise à assurer la paix et la stabilité, soit une trêve sociale tout en œuvrant à mettre en place les conditions nécessaires à une croissance économique, prenant en compte le développement social. «Nous avons à maintes reprises lancé des cris d’alarme quant à la situation économique du pays et à la nécessité d’instaurer un climat social stable et sécurisant pour permettre à chaque acteur d’assurer au mieux son rôle dans la relance de la dynamique économique du pays», avait à l’occasion déclaré la présidente de l’UTICA. Une présidente qui a pris de l’assurance au fur et à mesure de l’exercice de sa mission à la tête de la centrale. Une présidente qui n’est certes pas parfaite mais qui a au moins eu le mérite de conduire un bateau en plein naufrage. Alors que d’autres, la pensant inexpérimentée et incapable à faire face aux différentes difficultés d’une centrale fragilisée à différents degrés, l’avaient encouragée à rester sur place. S’embourbant dans des mauvais calculs, ils ont peu cru en ses compétences et son endurance, ce qui aurait fait d’eux les candidats idéaux aux postes de commandement, mais elle est non seulement restée mais elle a assuré, disent certains.
Le bureau exécutif actuel de l’UTICA termine également son mandat par la publication d’une étude sur la vision 2020 de l’UTICA également élaborée par les membres des commissions économique et sociale de l’UTICA avec le soutien de nombre d’experts et chefs d’entreprise. L’Objectif est de proposer aux décideurs et aux partenaires sociaux le plan de l’UTICA pour le développement économique et social de la Tunisie.
Tout au long de son mandat, la présidente de l’UTICA n’a eu de cesse de dénoncer les perturbations sociales et leurs conséquences sur le tissu entrepreneurial: «Les troubles sociaux gênent le rythme de la production des entreprises et suscitent l’attentisme chez les investisseurs potentiels», n’a-t-elle pas cessé de dire tout en appelant à chaque fois à mettre fin aux surenchères qui menacent les équilibres socioéconomiques du pays.
Des surenchères dont est malheureusement victime l’institution patronale depuis de nombreux mois. Plus de 18 procès ont été intentés à l’encontre de l’UTICA, tous perdus. Les imputations concernant des présomptions de mauvaise gestion ont été déboutées suite aux audits effectués par deux cabinets indépendants, tout comme les procès mettant en cause l’organisation des congrès régionaux. La dernière plainte en date est celle déposée par Me Abderraouf El Ayadi auprès du tribunal de première instance de Tunis pour arrêter l’organisation du congrès électoral national de la Centrale, jeudi 17 janvier.
De l’acharnement, c’est ainsi que l’on peut décrire ce qui se passe depuis 2011 pour mettre à genoux la centrale patronale. Des tentatives illégales d’occupation du siège de la centrale à des campagnes de diffamation et de dénigrement orchestrées sciemment sur la toile et s’attaquant à toutes les personnes qui s’activent à sauver le patronat. Nous en avons vu depuis 2011, des pratiques indignes d’un leadership économique lequel, au lieu de consacrer son énergie à reconstruite le patronat et améliorer son image et son positionnement s’est évertué à le détruire.
Jeudi 17 janvier est un grand jour à la centrale car on y organise l’élection des 31 membres du bureau exécutif de l’UTICA. Espérons que les nouveaux révolutionnaires en herbe se conduiront de manière civilisée et respecteront le choix des urnes.