écembre 2012 à Kourou en Guyane (Photo : Jm Guillon) |
[16/01/2013 16:06:58] PARIS (AFP) Les industriels européens de l’espace accumulent les succès mais se préparent à affronter une concurrence acharnée de la part des Américains, qui reviennent sur le marché, et des Chinois.
“2013 ne nous offrira pas de répit”, a prévenu la ministre française de l’Enseignement supérieur et de la Recherche, Geneviève Fioraso, lors d’un séminaire sur les perspective spatiales 2013 organisé mardi à Paris par les consultants d’Euroconsult et l’industrie spatiale française.
“Ce sera l’année du premier lancement de satellite commercial par Falcon-9”, le lanceur mis au point par la société américaine privée SpaceX, a-t-elle relevé.
SpaceX, fondée en 2002, ne propose pas encore de lancer d’aussi gros satellites que la fusée européenne Ariane, qui a réussi en décembre son 53e tir d’affilée en dix ans, mais elle illustre les mutations du marché.
Dans tous les domaines de l’industrie spatiale –lanceurs, satellites, opérateurs ou fournisseurs de services satellitaires– les Européens se sont hissés au niveau technologique des géants américains, champions incontestés des secteurs civils et militaires.
L’industrie spatiale dégage en France un chiffre d’affaires de 3,5 milliards d’euros, soit la moitié du total pour l’Europe.
La société Arianespace domine le marché des lancements de satellites commerciaux.
Astrium, filiale du groupe européen EADS et Thales Alenia Space, (co-entreprise du français Thales et de l’italien Finmeccanica) exportent avec succès leurs satellites. Ils dominent le marché de l’observation de la terre, selon Rachel Villain d’Euroconsult.
Deux des trois plus grands opérateurs mondiaux de satellites de télécommunications, SES et Eutelsat, sont européens. Astrium Services, qui fournit des services d’imagerie par satellite, est numéro 3 derrière les américains Digital Globe et GeoEye. Mais la donne change très vite.
Digital Globe et GeoEye sont en train de fusionner pour former un monopole aux Etats-Unis, avec la bénédiction du gouvernement américain.
Romain Bausch, PDG de SES, s’inquiète de la multiplication d’opérateurs nationaux soutenus par Pékin. 40 pays ont annoncé qu’ils vont se doter de satellites, dont plus de la moitié, selon lui, ont choisi une solution clé en main offerte par la Chine, qui troque des satellites contre des matières premières.
“Nous aurons à faire à des concurrents qui n’ont pas nos critères de rentabilité, puisqu’il ne paient pas leur satellite”, a-t-il souligné.
Magali Vaissière, directrice des télécommunications à l’Agence Spatiale Européenne (ASE), a également noté l’apparition d’un nouveau concurrent américain, Laser Light Communications.
Lancée en septembre dernier, il propose des communications à haut débit par rayon laser, et non plus par fréquence radio, à partir d’une constellation de satellites qui sera opérationnelle en 2017.
D’après Jean-Loïc Galle, PDG de Thales Alenia Space, dans l’immédiat la concurrence, c’est Boeing, qui fait son retour sur le marché des satellites commerciaux après avoir été mobilisé pendant une décennie par les commandes de l’armée américaine.
Mais à terme, selon lui, “la concurrence viendra de Chine”, qui va améliorer la qualité de ses satellites, du Japon “qui offre des transferts de technologie imposants” et de Corée.
Pour résister à ces adversaires, les industriels veulent réduire les coûts, comme ceux de la fusée Ariane qui a encore besoin de financements d’appoint.
M. Galle plaide pour un partage des spécialisations entre Astrium et sa société. “La France ne peut pas se permettre de disperser ses fonds entre deux sociétés qui font exactement la même chose”, a-t-il martelé.