Fin de partie pour plus de 400 salariés du distributeur de jeux vidéo Game France

[17/01/2013 18:08:01] PARIS (AFP) Après six mois d’incertitude, un des principaux distributeurs français de jeux vidéo, Game France, en redressement judiciaire, va laisser sur le carreau plus des deux tiers de ses 560 salariés malgré deux offres de reprise de ses concurrents.

Game France, qui emploie précisément 557 personnes en contrat à durée inderterminée (CDI) et une centaine en contrat à durée déterminée (CDD), est un réseau de 157 petits magasins dans lesquels travaillent deux à trois jeunes salariés férus de jeux vidéo. Les boutiques sont réparties sur tout l’Hexagone, ce qui “ne facilite pas la communication et la mobilisation”, selon un responsable de magasin qui a souhaité garder l’anonymat.

Placé en redressement judiciaire depuis le 4 septembre, Game France a reçu lundi deux offres de reprises partielles: Micromania, son concurrent direct, qui souhaite reprendre 44 boutiques et 88 salariés, et Game Cash dont l’offre porte sur 22 boutiques et 58 salariés.

En clair, seuls 66 magasins et 146 postes seront repris. Sauf miracle de dernière minute, plus des deux tiers des salariés, soit 411 CDI et une centaine de CDD devraient se retrouver sur le carreau à la fin du mois.

“Les salariés sont dépités. Ils ont pris un pavé sur la tête”, a assuré à l’AFP un responsable de boutique Game France qui a souhaité garder l’anonymat. Il explique que les salariés ont été laissés “dans le flou le plus total, par la direction et par la représentante du personnel”.

Les salariés ont même créé un forum où ils échangent leurs informations (http://boiteainfos.leforum.tv/index.php).

“La seule information reçue, c’est que l’on descend les grilles (des magasins) samedi et qu’on va recevoir un kit de fermeture avec un carton pour renvoyer la marchandise restante”, a expliqué à l’AFP Bernard qui n’a pas souhaité donner son nom de famille.

Audience le 25 janvier au tribunal de Bobigny

L’administrateur judiciaire a besoin d’un inventaire précis des stocks pour déterminer la valeur réelle de la société, a souligné par ailleurs la Direction.

Cela fait partie de la procédure de redressement judiciaire “avec dans le viseur, l’audience du 25 janvier au tribunal de Bobigny”, a-t-elle indiqué. A cette date, l’administrateur judiciaire présentera en détail les offres de reprise, qui peuvent être améliorées jusqu’à 48 heures avant l’audience.

Le tribunal rendra sa décision définitive quelques jours plus tard. La direction de Game France présentera ensuite au comité d’entreprise un plan de sauvegarde de l’emploi (PSE) pour les salariés non-repris.

Et pour les 146 salariés qui doivent être repris, “la perspective de travailler pour le concurrent direct Micromania (qui emploie 1.500 salariés dans 400 magasins) ou pour une chaîne plus modeste de 34 magasins en propre et en franchise n’est pas toujours des plus attrayante”, a souligné un responsable de magasin.

Tout comme les magasins de produits culturels Virgin Megastore et Fnac, Game France souffre de la désaffection croissante des clients qui s’orientent de plus en plus vers la distribution en ligne. Nombreux sont les “gamers” qui se tournent vers les jeux pour smartphones et tablettes et achètent leurs jeux sous forme dématérialisée.

Les ventes de jeux vidéo en France ont représenté l’an dernier 3 milliards d’euros et devraient atteindre 4 milliards en 2015.

La maison mère de Game France, basée au Royaume-Uni, a été rachetée en mars 2012 par le fonds OpCapita. Game France est le principal distributeur de jeux vidéo en France, avec Micromania.