çois Brument |
[19/01/2013 19:25:39] PARIS (AFP) Fabriquer sa chambre avec douche et dressing intégrés sur mesure, en 24 heures et en dur en appuyant simplement sur le bouton d’une imprimante: c’est le pari fou d’un jeune designer français devenu réalité.
Là où auparavant un artisan empilait patiemment briques ou parpaings pour construire un mur, le designer François Brument a eu recours à une imprimante 3D révolutionnaire, fabriquée par la société Voxeljet à Friedberg en Allemagne et qui produit des pièces à très grande échelle par empilement de couches très fines de matière sous forme de poudre.
Une innovation présentée au salon international d’ameublement Maison et Objets qui s’est ouvert vendredi à Villepinte (Seine-Saint-Denis).
“Cette société, explique le designer trentenaire, est la seule au monde capable de produire des pièces de cette taille (4 m de long, 2 m de large et 1 m de haut). Elle fabrique déjà à l’échelle industrielle des moules de fonderie en sable très complexes destinés à l’industrie automobile mais n’avait jamais produit de modules pour l’habitat jusqu’à présent”.
Exposé au salon dans le cadre des projets soutenus par le VIA (Valorisation de l’Innovation dans l’Ameublement ), qui promeut la création française dans le secteur du design appliqué au cadre de vie, ce projet “d’habitat imprimé” de recherche expérimentale a exigé plus de deux ans de mise au point.
Présenté en “première mondiale” au salon, il propose aux professionnels de l’habitat un prototype en polycarbonate enduit d’epoxy composé d’un module de 15 m2 – chambre, cabine de douche, dressing – aux cloisons futuristes blanches incurvées et alvéolées, parsemées de cavités triangulaires et paramétrées en fonction des besoins et envies du commanditaire.
Gouttelettes de liant
Principe de fabrication? “C’est comme une imprimante photo sauf que le jet ne projette pas d’encre mais des gouttelettes de liant qui va s’amalgamer à la matière (plastique, sable, des essais sont en cours sur le béton) par tranche de 0,1 mm d’épaisseur. Chaque pièce est réalisée en volume, différenciée et singulière. On peut penser et réaliser son projet idéal et on pourra ensuite le transformer”, explique le designer.
Le dessin de départ est remplacé par la programmation informatique et un fichier de données qui va dialoguer avec l’imprimante 3D.
“Tout est modulable: le volume de la cloison, sa texture, sa granularité, son épaisseur, son ouverture, son orientation ainsi que sa plastique et sa géométrie, les surfaces permettant des effets variés comme la pose d’étagères, l’emplacement de réserves spatiales dans lequel on peut glisser des accessoires muraux”, détaille-t-il.
Cet habitat intègre également les équipements techniques tels que le chauffage, les réseaux électriques, la plomberie ou les blocs sanitaires et le mobilier (lits, étagères, armoires). Son coût global n’est pour l’instant “pas chiffrable”, estime François Brument, qui évoque toutefois plusieurs dizaines de milliers d’euros.
“C’est la première fois que cette technique est appliquée à l’habitat et dans cette dimension. C’est une grande révolution car on passe directement du dessin à la réalisation”, s’enthousiasme Gérard Laizé, directeur général du VIA, qui vante “la possibilité de réaliser des séries d’objets différenciés et uniques tout en permettant des gains de productivité importants”.
Exposé jusqu’à mardi au salon Maison et Objets, “l’habitat imprimé” de François Brument sera accessible au grand public à partir du 31 janvier et jusqu’au 17 mars à la galerie du VIA dans le 12e arrondissement de la capitale.
Diplômé de l’ENSCI-Les Ateliers, François Brument a notamment conçu des chaises imprimées 3D et un vase dont la forme varie avec le niveau sonore de la voix et le temps de parole.