Amel Bouchammoui, présidente de la TACC : «La Tunisie a d’autres possibilités que celles de commercer éternellement avec l’Europe»


tacc-tunisie-21012013.jpgMesurée
? Assurément. Modeste, indéniablement. Amel Bouchamaoui Hammami, présidente de
la TACC (Chambre Tuniso-Américaine de Commercer) ne fait pas et ne veut trop
parler d’elle, non par fausse humilité mais : « Parce que je préfère laisser les
réalisations de la Chambre et parce que je tiens à ce que les efforts de toute
l’équipe TACC soient mis en avant ».

Et en matière d’efforts, pas mal ont été déployés depuis l’année précédente pour
faire du lobbying économique auprès des congressmen américains et rassurer les
entreprises US sur la situation sécuritaire et la stabilité politique du site
Tunisie. «SunGard, l’un des principaux fournisseurs mondiaux de logiciels et de
solutions informatiques pour les institutions financières pensait partir de la
Tunisie, nous avons avec l’aide des membres du gouvernement, réussi à le
persuader de rester sur le site en lui présentant des arguments convaincants
quant à sa solidité et sa stabilité », explique la présidente de la Chambre
tuniso-américaine de Commerce.

L’accréditation « US Am Cham » (Les chambres mixtes américaines), toute récente
de la TACC œuvrera et facilitera l’intégration et l’implantation des entreprises
US dans le tissu économique tunisien ainsi qu’une présence plus percutante des
entreprises tunisiennes aux Etats-Unis : «La tâche a été rude, d’autant plus que
nous avons tenu à intégrer dans les nouveaux statuts suite à notre adhésion à «
US Am Cham, des clauses prenant en compte les spécificités du contexte tunisien
actuel. Et je peux vous assurer que ce n’est pas évident ».

La TACC se veut le pivot du développement des échanges entre entreprises
américaines et tunisiennes : « Nous voulons être très actifs et assurer un rôle
plus important à l’échelle autant nationale qu’à celle des Etats-Unis. C’est
pour cette raison que nous tenons à recevoir toutes les délégations à caractère
économique en visite en Tunisie. Nos discussions tournent autour des
réglementations et la volonté des pouvoirs publics de les améliorer ». Il s’agit
des lois concernant le respect des droits d’auteur et ceux de la propriété
intellectuelle, l’adaptation des procédures en vigueur en Tunisies aux normes
internationales et plus de transparence au niveau des marchés publics et du
climat d’affaires. Aussi, la TACC a t- elle été activement associée aux
négociations de TIFA (Trade and Investment Framework Agreement, Accord Cadre
pour le Commerce et l’Investissement) ; il s’agit d’un accord cadre qui, une
fois signé, faciliterait l’implantation d’entreprises américaines en Tunisie et
améliorerait les relations commerciales entre les deux pays.

Plan de séduction US

La
TACC
développe des stratégies pour des plans séduction USA et s’investit de
plus en plus dans la promotion du site Tunisie: « Ce n’est pas vrai que la
Tunisie est un espace inintéressant pour les opérateurs américains, parce
qu’exigu, nous pouvons être une plateforme pour l’Algérie, la Libye, l’Afrique
subsaharienne et l’Europe. Notre contribution en tant que TACC est de promouvoir
le site en mettant en exergue ses avantages compétitifs. Notre exécutif y veille
et dans ce cadre, nous organisons au mois d’avril prochain la Conférence Maghreb
USA (US Maghreb Conference), en partenariat avec le Bureau Consultatif du PNB-NAPEO
Tunisie « Partners for a New Beginning North Africa Partnership for Economic
Opportunities (PNB NAPEO) mettant face à face des entrepreneurs US et d’autres
maghrébins .

La Conférence qui en est à sa troisième édition, la première s’étant tenue à
Alger et la seconde à Marrakech au Maroc, réunit des entrepreneurs venus de tout
le Maghreb et des States autour de forums et débats. Le but est d’identifier des
pistes pour des partenariats plus fructueux et la consolidation des réseaux
d’hommes d’affaires. Des personnalités prestigieuses des mondes de l’Economie et
de la Politique participeront à la manifestation dont les CEO des plus grandes
multinationales américaines curieux de découvrir les opportunités
d’investissement dans la région. Pour l’édition de Tunis, l’on s’attend à la
participation de Madeleine Albright, ancienne Secrétaire d’Etat américaine. Au
cours de cette conférence, les projets initiés par les Bureaux Consultatifs des
pays de la région du Maghreb seront présentés.

La TACC a également marqué de sa présence le Forum du Futur organisé les 12 et
13 décembre à Tunis auquel, pour la première fois, un agenda économique a été
imposé. Ce qui a permis au secteur privé de soumettre des recommandations prises
en compte dans la déclaration finale co-adoptée par les pays du MENA et ceux du
G8.

Plus que la participation, c’est à l’efficience que tient l’équipe TACC : « Il
fallait informer les décideurs publics de nos attentes et leur soumettre nos
suggestions pour améliorer l’environnement entrepreneurial et faciliter les
échanges économiques entre nos pays respectifs. Nous avons préparé à ce dessein
une feuille de route dont la finalité est d’établir une meilleure gouvernance
économique dans la région, et qui a été intégrée dans la déclaration finale du
Forum du Futur.

La TACC dont la présidente Amel Bouchamaoui, a été élue, en juillet 2011, à la
tête des Chambres mixtes américaines dans la région MENA, a organisé à Tunis, la
première réunion des présidents des chambres et en a profité pour primer les
femmes chefs d’entreprises, en marge du Amcham MENA Council. Il n’y a toutefois
pas que les femmes qui bénéficient de l’intérêt de la Chambre Tuniso-américaine
de Commerce, les jeunes aussi : « Nous avons lancé une représentation de la TACC
au sein- même de l’université, dénommée TBS
TACC
Chapter Junior et ce en vue de
permettre une meilleure intégration des jeunes dans la communauté des affaires.
Un ‘Smart Center’ a été inauguré au sein de TBS (Tunisia Business School), une
université étatique qui dispense les cours en anglais, et ce dans le cadre du
partenariat TACC- PNB NAPEO Tunisie. Le Smart Center permet de développer chez
les jeunes l’esprit de l’entrepreneuriat avec le concours des multinationales
américaines. Aussi, nous ambitionnons d’étendre le programme FICRA-un autre
projet en partenariat avec PNB-NAPEO Tunisie- pour l’initiation des jeunes à
l’entrepreneuriat au Maghreb. A ce jour, nous en avons formé une cinquantaine et
nous souhaitons atteindre un millier grâce à la généralisation du programme sur
toute l’Afrique du Nord. L’entrepreneuriat est avant tout une culture et nous
comptons bien l’encourager dans nos régions et préparer l’alternance en œuvrant
à la création de nouvelles générations de jeunes porteurs de projets».

Après une période de vaches maigres sur fond de conflits internes entre les
membres de l’exécutif
TACC
, la Chambre reprend brillamment le flambeau en
s’engageant concrètement dans une politique de décentralisation illustrée par
l’ouverture d’une représentation à Sfax et planifiant une autre à Bizerte pour
très bientôt et mettant en place une feuille de route claire pour des
réalisations futures.

« Je suis fière d’appartenir à la TACC, de travailler avec une équipe aussi
soudée autour d’un seul objectif, offrir à la Tunisie d’autres possibilités que
celles de commercer éternellement avec l’Europe. La Tunisie possède de grandes
opportunités qu’il faut exploiter pour que sa dépendance envers un seul marché
ne menace pas ses équilibres économiques. C’est à nous d’y veiller et nous
comptons bien mener notre mission comme il se doit et comme il sied à un pays en
transition démocratique. Il ne s’agit pas de discourir, mais de concrétiser et
conquérir, et ceci conformément au slogan de la TACC “De la Vision à l’ Action”
(From Vision To Action)