éroport de Takamatsu (Photo : Jiji Press/AFP/Archives) |
[21/01/2013 06:34:38] TOKYO (AFP) Des inspecteurs nippons et américains s’activent au Japon pour analyser les causes de l’incident de batterie qui a forcé un Boeing 787 à se poser en catastrophe la semaine dernière au sud de l’archipel, tandis que la compagnie ANA, privée de ses “Dreamliner”, est contrainte d’annuler des centaines de vols.
Des ingénieurs des deux pays ont inspecté lundi matin les lignes de production de batteries lithium-ion de l’entreprise nippone GS Yuasa, fabricant de ces accumulateurs conçus spécialement pour le Boeing 787.
C’est un incident dû à ces accumulateurs qui a contraint un Boeing 787 à un atterrissage forcé mercredi 16 janvier à Takamatsu (sud du Japon). Depuis ce dysfonctionnement grave, le deuxième du même acabit en moins de deux semaines, les 50 Dreamliner livrés à huit compagnies dans le monde sont rivés au sol.
“Des ingénieurs de la FAA (autorité américaine de l’aviation), de Boeing et du bureau de l’aviation civile ont essentiellement examiné les chaînes de production de GS Yuasa”, a expliqué à l’AFP Yasuo Ishii, un responsable du ministère japonais des Transports.
Basé à Kyoto (ouest), GS Yuasa est le fournisseur des batteries lithium-ion des Boeing 787, équipements qui sont assemblés dans un système de conversion électrique par le groupe français Thales avant d’être livrés à l’avionneur américain.
“Les inspecteurs vérifient qu’il n’y a pas de problème dans la production”, a-t-il ajouté, rappelant que la cause de l’incident demeure inconnue.
ême en bon état, le 18 janvier 2013 à Takamatsu |
“Nous examinons toutes les possibilités”, a-t-il précisé. Et d’insister sur le fait que cette visite de l’usine ne signifie pas que les autorités considèrent GS Yuasa comme responsable des dysfonctionnements des batteries.
Un problème de surchauffe d’accumulateur lithium-ion peut en effet provenir de diverses origines, d’un défaut intrinsèque, d’une surcharge, d’un souci de courant électrique, d’un manque de ventilation ou de toute autre anomalie ou vice de conception.
L’environnement de production des batteries lithium-ion doit être d’une pureté extrême et le plus grand soin apporté aux manipulations. En 2006, le géant de l’électronique Sony avait dû rappeler des millions de batteries lithium-ion fournies à des fabricants d’ordinateurs (dont les américains Dell et Apple) à cause de particules qui s’étaient infiltrées à l’intérieur et risquaient de provoquer un départ de feu.
Vendredi, les enquêteurs avaient ouvert la batterie incriminée (noircie et déformée) pour l’examiner en détail. Samedi, ils avaient analysé la boîte noire du vol ANA 692.
Durant ce vol avec 129 passagers et 8 membres d’équipage, le commandant de bord a vu successivement s’allumer trois alarmes: la première a signalé une détection de fumée dans le compartiment électrique avant (là où se trouve la batterie), la deuxième indiquait une chute de tension de la batterie et la troisième une anomalie de recharge.
Il s’agit maintenant de reconstituer en détail le fil des événements techniques.
Parallèlement d’autres enquêteurs s’affairent à Boston où un départ de feu s’était produit une semaine plus tôt sur une batterie identique d’un Dreamliner de Japan Airlines (JAL).
ège de la société GS Yuasa qui produit les batteries des Boeing 787, le 21 janvier 2013 à Kyoto |
L’interdiction de vol mondiale des Boeing 787 a forcé ANA à annuler 335 vols (dont 43 internationaux) sur la période du 16 au 27 janvier, affectant près de 48.000 passagers.
Cet imprévu touche d’autant plus sévèrement ANA qu’elle a bâti un gros pan de sa stratégie et ses campagnes de publicité sur l’utilisation extensive de cet appareil dont elle a commandé 66 unités. Elle possède actuellement 17 des 50 Dreamliner en service.
Boeing, qui lui avait déjà livré le premier fin 2011 avec trois ans et demi de retard sur le calendrier initial, a suspendu les remises aux compagnies en attendant que soit clarifiée la cause des avaries de batteries.
Quant à la confiance du public nippon, elle a pris un coup, cinq autres pépins de diverses natures s’étant produits ces deux dernières semaines sur d’autres Boeing 787 d’ANA et de JAL qui en possède sept.