érence de presse à Bruxelles, le 13 décembre 2012 (Photo : Georges Gobet) |
[21/01/2013 11:55:12] BRUXELLES (AFP) Les ministres des Finances de la zone euro se réunissent lundi à Bruxelles dans un contexte apaisé, où les discussions sur un possible plan d’aide à Chypre seront éclipsées par les adieux de Jean-Claude Juncker, qui passe la main après huit ans à la tête de l’Eurogroupe.
La réunion, qui doit débuter à 16h00 GMT, aura sans doute une saveur particulière pour des ministres des Finances habitués ces dernières années aux séances marathon et aux compromis douloureux pour préserver l’intégrité de la zone euro.
Si les responsables européens se gardent bien de crier victoire face à la crise de la dette, beaucoup estiment qu’un tournant a eu lieu en 2012 et que le pire est passé. C’est dans ce contexte qu’un quasi-inconnu, le ministre néerlandais des Finances Jeroen Dijsselbloem, 46 ans, s’apprête à prendre les rênes du groupe des ministres des Finances de la zone euro.
Sa candidature, officielle depuis jeudi, devrait être acceptée par consensus, a indiqué dimanche le ministre français Pierre Moscovici, qui avait exprimé de sérieuses réserves face à son collègue néerlandais, en soulignant notamment son inexpérience. M. Dijsselbloem, qui n’est en poste que depuis deux mois, s’était fait un nom dans son pays sur les questions d’agriculture et d’éducation.
“Ce que j’attends, c’est qu’on garde une vision inspirée, qu’on n’ait pas une vision restrictive, que ce ne soit pas une Europe triple A ou une Europe du nord contre une Europe du sud”, a déclaré M. Moscovici.
C’est justement parce qu’il vient d’un pays noté “triple A” comme l’Allemagne, mais aussi parce qu’il appartient à la famille social-démocrate, comme le gouvernement français, que M. Dijsselbloem fait figure de candidat de compromis pour diriger l’Eurogroupe. Ses qualités de négociateurs sont également louées.
Pour M. Moscovici, qui lui a demandé avec insistance de détailler son programme et sa vision, il faut rester “dans la continuité de M. Juncker”, qui “connaît bien la France et l’Allemagne” et a “toujours veillé à ce qu’il y ait cet équilibre”.
M. Dijsselbloem a promis qu’il exposerait lundi devant ses homologues ses “vues sur l’Eurogroupe, son fonctionnement et son agenda”.
éerlandais des Finances Jeroen Dijsselbloem, le 18 janvier 2013 à Luxembourg (Photo : Georges Gobet) |
La réunion sera également consacrée à Chypre, qui a demandé l’aide de la zone euro il y a maintenant plus de six mois. Mais les discussions entre la troïka des créanciers et les autorités chypriotes n’avancent pas, notamment car ces dernières se refusent à procéder aux privatisations réclamées.
La Banque de Chypre a également annoncé samedi que l’évaluation des besoins des banques par Pimco, premier gestionnaire obligataire au monde, serait retardée, alors qu’elle était prévue le 18 janvier. Ces besoins ont été évalués il y a quelques mois par Nicosie à 17 milliards d’euros.
Le dossier est complexe: Chypre a fort à faire pour se défendre face aux accusations de blanchiment d’argent et de dumping fiscal. Reste aussi à savoir comment procéder à un sauvetage dont le montant pourrait égaler le PIB du pays sans plomber irrémédiablement sa dette.
“Dans un premier temps, il faut vérifier si Chypre constitue un danger pour la zone euro dans son ensemble. C’est en effet l’une des conditions préalables pour que le Mécanisme européen de stabilité (MES) puisse être utilisé”, a souligné le ministre allemand des Finances, Wolfgang Schäuble, dans une interview publiée par Le Monde et la Süddeutsche Zeitung.
Plusieurs responsables européens estiment que les discussions ne pourront réellement avancer qu’après l’élection présidentielle chypriote, dont le premier tour aura lieu le 17 février. Un accord sur un programme d’aide pourrait intervenir “dans la deuxième moitié du mois de mars”, selon l’un d’eux.
La réunion sera aussi consacrée aux modalités de la recapitalisation directe des banques par le Mécanisme européen de stabilité (MES), le fonds de sauvetage permanent de la zone euro, en particulier l’étendue des actifs concernés et le rôle qui pourrait rester dévolu aux Etats dans le sauvetage des banques.