L’Eurogroupe dit adieu à son président et ouvre un nouveau chapitre

photo_1358769002890-1-1.jpg
érence de presse à Bruxelles, le 13 décembre 2012 (Photo : Georges Gobet)

[21/01/2013 16:03:38] BRUXELLES (AFP) Les ministres des Finances de la zone euro se réunissent lundi à Bruxelles dans un contexte apaisé, où les discussions sur un possible plan d’aide à Chypre seront éclipsées par les adieux de Jean-Claude Juncker, qui passe la main après huit ans à la tête de l’Eurogroupe.

La réunion, qui doit débuter à 16H00 GMT, aura sans doute une saveur particulière pour des ministres habitués ces dernières années aux séances marathon et aux compromis douloureux pour préserver l’intégrité de la zone euro.

Si les responsables européens se gardent bien de crier victoire face à la crise de la dette, beaucoup estiment qu’un tournant a eu lieu en 2012 et que le pire est passé. C’est dans ce contexte qu’un quasi-inconnu, le ministre néerlandais des Finances Jeroen Dijsselbloem, 46 ans, s’apprête à prendre les rênes du forum des ministres des Finances de la zone euro.

Sa candidature, officielle depuis jeudi, devrait être acceptée par consensus, a indiqué le ministre français Pierre Moscovici, qui avait exprimé de sérieuses réserves face à son collègue néerlandais, soulignant notamment son inexpérience. “Ce n’est pas une tâche facile. Il faut que la succession soit à la hauteur”, a-t-il encore affirmé lundi en arrivant à Bruxelles.

“Jean-Claude Juncker a su, pendant ces huit années à la tête de l’Eurogroupe, incarner un modèle de présidence équilibrée, entre pays du nord et pays du sud, entre exigences de consolidation budgétaire et aspiration à la croissance, entre une forme de vision allemande et une forme de vision française car il avait ces deux cultures”, a insisté M. Moscovici.

Mais c’est justement car il vient d’un pays noté “triple A” comme l’Allemagne, et qu’il appartient à la famille social-démocrate, comme le gouvernement français, que M. Dijsselbloem fait figure de candidat de compromis pour diriger l’Eurogroupe. Il a promis qu’il exposerait lundi devant ses homologues, comme M. Moscovici le lui a demandé avec insistance, ses “vues sur l’Eurogroupe, son fonctionnement et son agenda”.

photo_1358784149386-1-1.jpg
Eurogroupe, le 21 janvier 2013 (Photo : Georges Gobet)

Quant à M. Juncker, il a reconnu lundi éprouver “un peu de mélancolie, mais surtout du soulagement” au moment de passer la main.

La réunion sera également consacrée à Chypre, qui a demandé l’aide de la zone euro il y a maintenant plus de six mois. Mais les discussions entre la troïka des créanciers et les autorités chypriotes n’avancent pas, notamment car ces dernières se refusent à procéder aux privatisations réclamées.

L’évaluation des besoins des banques par Pimco, premier gestionnaire obligataire au monde, qui était prévue pour le 18 janvier, a aussi pris du retard. Ces besoins ont été évalués il y a quelques mois par Nicosie à 17 milliards d’euros.

Le dossier est complexe: Chypre a fort à faire pour se défendre face aux accusations de blanchiment d’argent et de dumping fiscal. Reste aussi à savoir comment procéder à un sauvetage dont le montant pourrait égaler le PIB du pays sans plomber irrémédiablement sa dette.

“Dans un premier temps, il faut vérifier si Chypre constitue un danger pour la zone euro dans son ensemble. C’est en effet l’une des conditions préalables pour que le Mécanisme européen de stabilité (MES) puisse être utilisé”, a souligné le ministre allemand des Finances, Wolfgang Schäuble, dans une interview publiée lundi par Le Monde et la Süddeutsche Zeitung.

Plusieurs responsables européens estiment que les discussions ne pourront réellement avancer qu’après l’élection présidentielle chypriote, dont le premier tour aura lieu le 17 février. Une solution devrait ensuite être trouvée en mars, a estimé lundi M. Juncker.

La réunion sera également consacrée aux modalités de la recapitalisation directe des banques par le Mécanisme européen de stabilité, le fonds de sauvetage permanent de la zone euro, en particulier l’étendue des actifs concernés et le rôle qui pourrait rester dévolu aux Etats dans le sauvetage des banques.