Le discours d’investiture du Président Obama prononcé lundi 21 a été édifiant dans le sens où le « printemps arabe », dada américain pendant des mois, a été complètement ignoré et dans la mesure où toutes les attentions du Président américain ont été recentrées sur un agenda domestique. Dans le principal passage consacré à l’international, nous relevons la volonté des States de maintenir des «alliances fortes partout dans le monde», de soutenir une culture de «paix plutôt qu’un état de guerre, de supporter la démocratie en Afrique, en Asie et aux Amériques et de renforcer les institutions qui permettraient d’affronter au mieux les enjeux internationaux. «Personne n’a plus intérêt à un monde en paix que le pays le plus puissant».
Ce qui n’empêche pas le monde d’être dans une effervescence guerrière permanente à cause ou grâce à la première puissance mondiale qui a créé de toutes pièces l’organisation appelée aujourd’hui Qaeda pour «libérer» l’Afghanistan du joug communiste et dont les conséquences aujourd’hui sont dramatiques sur tous les pays de la région MENA et même de l’Afrique.
Le discours d’Obama annonce-t-il un virage dans la politique étrangère américaine? Moins d’interventionnisme musclé, plus d’interventionnisme diplomatique?
Pour Jacob Walles, ambassadeur américain en Tunisie, les prochaines semaines seront décisives dans la mise en place des contours de la nouvelle politique américaine des affaires étrangères.
«Nous sommes très préoccupés par la situation au Mali. Il est prématuré pour l’instant de se prononcer sur l’évolution des choses dans ce pays. Mais, nous suivrons avec beaucoup d’attention et de vigilance les événements et nous en discuterons avec nos partenaires tunisiens. En matière de politique étrangère, nous ne pouvons pas trancher tout de suite. Le Président a nommé un nouveau Secrétaire d’Etat à la Défense, un nouveau Secrétaire d’Etat aux Affaires étrangères et un nouveau directeur général de la CIA, nous verrons dans quelques temps quelle approche entreprendra la nouvelle équipe dans la gestion des relations à l’international», a-t-il déclaré lors d’une rapide séance questions/réponses organisée lundi 21 à l’ambassade américaine en marge de la célébration de l’investiture du Président Obama .
L’ambassadeur US a exprimé ses inquiétudes quant à l’évolution des événements dans la région nord africaine et surtout ceux en rapport avec les groupes terroristes : «Nous avons attentivement suivi ce qui s’est passé en Algérie, nous suivons avec encore plus d’attentions ce qui se passe au Mali et dans les pays de la région au niveau des menaces sécuritaires. Sur un tout autre volet, nous prenons les mesures qui s’imposent pour sécuriser notre ambassade, notre personnel et l’environnement immédiat de notre chancellerie. Nous faisons très attention à notre sûreté en Tunisie, précisément depuis l’attaque du 14 septembre. Nous sommes assez vigilants et nous continuons à examiner attentivement la situation sécuritaire en Tunisie et dans la région et nous débattons régulièrement avec le gouvernement tunisien des initiatives à prendre dans le combat contre le terrorisme. Pour nous, le facteur sécuritaire est capital dans la réussite de la transition démocratique. C’est notre priorité».
Et il y a de quoi. Car 11 Tunisiens dans le groupe d’assaillants terroristes à l’encontre d’In Amenas, c’est trop, beaucoup trop. Les puissances mondiales lesquelles, sans mettre en place un plan de récupération des armes ou même d’identification du champ d’action des activistes Djihadistes, ont armé la Libye jusqu’aux dents pour faire partir Gaddafi, se rendent-elles aujourd’hui compte de leur grave erreur ?
Car dans l’attaque d’In Amenas, il y avait des kalachnikovs, modèle typiquement libyen, l’AK104 et des roquettes F5, petits modèles apparus pendant la guerre en Libye, modifiés en lance-roquettes d’avion pour en fabriquer des modèles artisanaux*. Cerise sur le gâteau, les tenues venaient du Qatar, un Emirat qui semble avoir des velléités expansionnistes aux dépends de ses « frères » arabes.
Les groupes terroristes qu’on a formés, entrainés et armés pour préserver les intérêts des plus puissants du monde, menacent aujourd’hui le monde entier. Ce sont des bombes humaines qui peuvent frapper partout et à n’importe quel moment. Ils vont jusqu’au bout parce qu’ils veulent gagner l’éternité et un paradis qu’ils n’ont pas pu avoir dans la vie.
Un proverbe arabe dit « wa inkalaba assihrou ala Assaher » (La magie s’est retournée de plein fouet sur le ou les sorciers qui croyaient pouvoir tout contrôler).
Quand est ce que les maitres du monde assimileront cela?