La meilleure image à mon avis en a été donnée par Christophe Châtelot, journaliste du quotidien Le Monde spécialisé dans l’Afrique qui a comparé les frappes chirurgicales des unités d’élites françaises engagées dans ce conflit à un coup de pied dans une fourmilière avec comme corollaire probable la fuite et la dispersion des fourmis (ici les islamistes jihadistes) dans tous les sens et vers toutes les directions.
Conséquence : tous les pays aux environs du Mali subiront les effets collatéraux voire les contrecoups de cette intervention française armée.
La Tunisie, qui semble pour certains assez lointaine du conflit, est concernée. Pour Christophe Châtelot, « il n’y a aucune raison pour que le conflit au nord du Mali ne touche pas la Tunisie ».
La concomitance de plusieurs indices militent en faveur de cette thèse, et ce, en dépit des assurances de l’armée et des forces de sécurité tunisiennes qui demeurent plombées plus par une absence de volonté politique réelle que par manque de professionnalisme.
Premier indice, les informations publiées, le 17 janvier 2013, par l’agence de presse espagnole EFE selon lesquelles un des gardes-frontières libyens lui avait déclaré que des terroristes se déplaçant sur deux véhicules 4×4, ont réussi à traverser la frontière vers la Tunisie. La source précise que les deux véhicules sont venus d’Algérie et ont pénétré le territoire tunisien. Ces informations ont été, certes, démenties par les officiels tunisiens mais les démentis tunisiens n’ont jamais été pris au sérieux. De telles informations demeurent donc crédibles en ce sens où la Tunisie est sous équipée et ne peut pas contrôler des frontières poreuses avec l’efficience requise,
Deuxième indice, sur un total de 26 assaillants tués, 11 sont de nationalité tunisienne, soit un triste record en matière de terroriste par tête d’habitant. Ce nombre effrayant ne manque pas d’enjeux où la Tunisie est en passe de se convertir en un exportateur net de terroristes, ce qui n’était pas le cas avec Ben Ali.
Troisième indice, le dispositif de sécurité exceptionnel mis en place, après le 15 janvier, autour de l’ambassade de France, à Tunis, a été dicté par des menaces de représailles réelles proférées contre la France pour son engagement militaire au Mali.
Quatrième indice, la découverte d’un arsenal d’armes à Médenine ne peut que confirmer que la Tunisie est devenue une cache d’armes, voire une base arrière pour les jihadistes islamistes réclamant des activistes de l’AQMI (Al Qaïda au Maghreb Islamique).
Cette thèse est étayée par d’autres incidents armés: affrontements entre l’armée et des membres d’El-qaida à Rouhia, Bir Ali Ben Khelifa, Douar Hicher, Kasserine, Fernana, Ain Draham outre la destruction par un avion militaire tunisien de trois véhicules au Sahara dans la région de Stah El Hsan (100 km au nord du village de Borj El Kadhra)…
Face à ce péril, la sureté nationale et l’armée ont toujours expliqué la porosité des frontières par leur sous-équipement. Pourtant, le 30 juillet 2012, l’armée tunisienne a obtenu, en un temps record, une précieuse aide logistique des Etats Unis. Mais après l’assaut mené par les salafistes, un certain 14 septembre 2012, contre le siège de l’ambassade des Etats Unis à Tunis, il semble que les américains aient traîné du pied avant de livrer à l’armée tunisienne ces précieux équipements.
Samedi dernier, c’est-à-dire deux jours après le repli des terroristes sur le territoire tunisien, la France s’est empressé de faire don à la police tunisienne de matériels et équipements destinés à la surveillance des frontières (véhicules tout terrain, jumelles de vision nocturne, caméras de surveillance, gilets pare-balles…).
Après l’assassinat d’un gendarme, à Kasserine, par des terroristes, l’Algérie a fait état de sa disposition à faire profiter la Tunisie de son expertise de plus de vingt ans en matière de lutte contre le terrorisme. A cette fin, elle a dépêché, fin décembre dernier, à Tunis, son ministre de l’Intérieur Dahou Ould Kablia. Seulement, 15 jours après et suite à l’implication d’un grand nombre de terroristes tunisiens dans l’attaque contre le site gazier El Aménas, tout indique, du moins au regard de ce qu’écrit, ces jours ci, la presse algérienne, la Tunisie n’est plus perçue comme un rempart contre le terrorisme mais plutôt comme un pays tolérant avec les terroristes.
Empressons de relever que la faute n’est pas imputable aux forces de sûreté tunisiennes ni même à leur sous- équipement matériel mais au parti Ennahdha et dérivés lequel s’est montré, depuis son accès au pouvoir, trop laxiste et trop tolérant vis-à-vis des salafistes jihadistes qui ne sont en fait que de futurs terroristes. Point d’orgue de ce laxisme, le lâche assaut mené contre l’ambassade des Etats unis à Tunis.
Par ailleurs, si les nahdhaouis au pouvoir sont de bonne volonté et se soucient vraiment de la sécurité de ce pays, ils n’ont qu’à solliciter l’assistance et l’aide du programme d’assistance antiterroriste Anti-Terrorism Assistance Training Program (ATA) que la Tunisie a réintégré en 2011.