Le FMI gagné par un regain de pessimisme pour la zone euro

photo_1358953918383-1-1.jpg
Illustration de la crise en zone euro (Photo : Philippe Huguen)

[23/01/2013 15:36:50] WASHINGTON (AFP) La croissance mondiale devrait être moins forte que prévu en 2013, freinée par les nouvelles “faiblesses” d’une zone euro qui se dirige vers une deuxième année consécutive de récession, a estimé le Fonds monétaire international (FMI) mercredi.

“La zone euro continue de représenter un risque considérable pour les perspectives de l’économie mondiale”, souligne l’institution de Washington dans la mise à jour de ses perspectives économiques.

Le Fonds prévoit toujours une accélération de la croissance par rapport à 2012 mais prévient qu’elle sera “plus graduelle” que prévu: le produit intérieur brut (PIB) mondial devrait progresser en 2013 de 3,5%, soit 0,1 point de moins que prévu en octobre, et de 4,1% en 2014 à condition toutefois d’éviter les risques “considérables” de détérioration.

En dépit de quelques “progrès”, la zone euro suscite encore les plus grandes inquiétudes. “L’activité dans la périphérie de la zone euro a été encore plus déprimée que prévu, avec des signes de retombées plus marquées” sur le noyau dur de la région, souligne le Fonds.

L’institution révise donc ses calculs: alors qu’elle prévoyait jusque-là un timide retour à la croissance cette année (+0,2%), elle prédit désormais une deuxième année de récession (-0,2%) pour la zone euro où trois pays (Grèce, Irlande, Portugal) sont sous assistance financière, en attendant peut-être Chypre.

Selon le FMI, l'”incertitude” demeure par ailleurs sur l’issue de la crise en Europe et une “stagnation prolongée” n’est pas exclue si l’élan réformateur (supervision bancaire, union politique…) tourne court.

Prévision encore abaissée pour la France

Dans ce contexte, la France voit encore sa prévision abaissée cette année, de 0,4% à 0,3%, alors que le gouvernement continue d’espérer bien mieux (+0,8%). L’Allemagne n’est guère mieux lotie et voit sa prévision sabrée de 0,3 point, à +0,6%.

D’une simple phrase, le rapport tente de refermer le débat –qui traverse le FMI lui-même– sur les dangers de l’austérité en Europe. “Les pays de la périphérie doivent poursuivre leur ajustement” budgétaire, tranche le Fonds.

Tournant son regard vers les Etats-Unis, le FMI développe une tout autre approche. Selon ses préconisations, la première puissance économique mondiale doit se garder d’une réduction “excessive” de ses déficits “à court terme” pour ne pas étouffer une croissance fragile, qui devrait plafonner à 2% cette année.

Début janvier, la cure d’austérité du “mur budgétaire” a été évitée in extremis aux Etats-Unis mais des coupes massives dans les dépenses publiques ne sont pas exclues.

En attendant, l’institution appelle le pays à relever “rapidement” le plafond de sa dette, qui a atteint sa limite légale et alimente actuellement une intense bataille politique entre démocrates et républicains.

Les pays développés en berne, la croissance mondiale devrait à nouveau être tirée par les grands pays émergents. Le PIB chinois devrait progresser de 8,2% cette année, suivi par l’Inde (5,9%) ou le Brésil (3,5%), selon le Fonds. L’Afrique subsaharienne devrait, elle, croître de 5,8%.

“Le manque de vigueur de l’activité dans les pays avancés pèsera sur la demande extérieure”, prévient toutefois le FMI.

A l’heure où la régulation bancaire rencontre de fortes résistances, l’institution appelle, enfin, à poursuivre la réforme du secteur financier international.

“C’est une approche constante du secteur d’appuyer sur la pédale de frein parce que c’est plus confortable de pas être soumis à une régulation”, avait déclaré la semaine dernière la directrice générale du Fonds, Christine Lagarde.