On nous a toujours enseigné qu’il faut savoir solder les comptes. Les bons pères de famille et les ménages sont pris de court par l’emballement des prix. Une soupape de sécurité: les soldes.
Il n’est pas nécessaire de s’improviser ministre du Commerce, mais enfin si on a le coup d’œil, on se rend vite à l’évidence. En ce moment, on voit bien que ça coince et que ça tire dans le commerce.
La conjoncture n’étant pas ce qu’elle devrait être, dans les magasins les gérants tirent la tronche des temps de vaches maigres.
La grande distribution ne carbure pas très fort, non plus. En pareille circonstance, pas besoin d’être un génie de la finance, il n’existe pas mille façons de débloquer la situation. Le mieux serait de décréter les soldes. Et, sans plus attendre.
Ruinés par les faux frais
Les ménages ont trop tiré sur la bourse. Ils ont essuyé une avalanche de fêtes religieuses et civiles qui ont lessivé leur portemonnaie. Ce dernier est à plaindre, car il est à sec. Ajoutez-y la rentrée scolaire, les frais de cours particuliers, le changement de saison, les petits extras pendant les vacances de fin d’année et le réveillon qui nous est tombé dessus. Eh bien, le portefeuille est raplapla.
Il y a bien eu un léger frémissement occasionné par la distribution des «bons cadeaux» des amicales, le treizième mois, les bonus et autres corrections fiscales qui gonflent le dernier salaire de l’année. Mais c’est vite retombé. Les gens ont vite fait essuyer les tombées de crédits, les frais de syndic, les taxes municipales, les prélèvements automatiques pour l’épargne scolaire des enfants et tutti quanti. Et tout ça finit par s’additionner.
Aussi vrai que les petits ruisseaux font les grandes rivières, les faux frais ça tarit la ressource, croyez-le bien.
La croissance par la demande interne: Le défaut de la qualité d’un système
Le pays a fait le choix depuis Ahmed Ben Salah, les vieux vous le diront, d’un modèle économique où le char de la croissance est tiré par la consommation des classes moyennes. L’ennui est que ce système est peut-être stable, mais faute d’être classe, il est très moyen. Il touche vite ses limites. Aussi vrai qu’il s’auto-entretient et qu’il contient les ressorts de son dynamisme, ce système s’essouffle vite. Son tendon d’Achille est le crédit à la consommation. L’astuce du crédit est importante. Elle donne aux ménages les moyens dont ils ne disposent pas. Et, à ses débuts, le crédit devient un troisième poumon pour l’économie. L’ennui est qu’il gangrène l’ensemble. Une fois qu’ils découvrent le sésame de la facilité de paiement, les consommateurs en usent et en abusent.
Au final, ils perdent leur autonomie dépensière et se trouvent sous la coupe d’une contrainte budgétaire réduite au plancher légal de solvabilité, soit les fameux 40% du salaire. Tout cela pour dire que si l’on veut entretenir une certaine capacité d’achat chez les salariés, il faut fixer un timing des soldes qui leur soit favorable.
Les soldes, un moyen pour optimiser la consommation
Attendre la mi ou la fin février pour décréter les soldes est une attitude mal inspirée. Partout en Europe, les soldes commencent après les fêtes de fin d’année. Les commerçants d’Europe entretiennent la fringale d’achat qui s’empare des ménagés à l’occasion des fêtes de fin d’année. Tant pis, s’il faut sacrifier les marges. Il restera le bénéfice de faire tourner le tiroir caisse. Quand on recommande de s’aligner sur les bons réflexes des commerçants des pays riches d’Europe, ce n’est pas par mimétisme aveugle, on l’aura bien compris. Mais c’est pour que les ménages, connaissant les dates des soldes, intègrent les emplettes des soldes dans leur budget. Il y en aura toujours qui achèteront au prix fort, parce qu’ils ont les moyens d’acheter en début de saison. La vie est ainsi faite, les gens privilégiés font ce qu’ils veulent et quand ça leur plaît. Mais le gros du bataillon vit en tirant le diable par la queue, en étant attentif à la dépense. Si donc ils peuvent acheter à mi-saison, en profitant des soldes, ils «boufferont» les marges des commerçants mais ils permettront aux affaires de tourner. Et elles ne tourneront pas à vide parce qu’elles donnent une chance à l’inter saison de devenir un moment de vente, alors qu’elle était une période creuse. C’est donc une saison supplémentaire qui viendra s’ajouter à l’agenda des commerçants.
Au bout du compte, tout le monde y gagne et le commerce y trouve son compte.
Alors s’il vous plaît ne nous faites pas trop languir, nous avons déjà fait tous nos repérages en vitrine. A la mi-février, on ne sera pas en situation de demander à nos employeurs «y en a vouloir des sous». Nous connaissons la réponse car les primes de bilan seront servies au mois de mars. Nous serons bien frustrés, dans cette situation! Alors à quoi bon attendre.