L’Afrique veut devenir un acteur incontournable sur la scène économique

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ésident du Nigeria, Goodluck Jonathan (g), et son homologue sud-africain Jacob Zuma, le 23 janvier 2013 au Forum économique mondial de Davos (Photo : Eric Piermont)

[24/01/2013 09:13:19] DAVOS (Suisse) (AFP) L’Afrique veut être considérée comme un acteur incontournable sur la scène économique mondiale et non plus comme le continent pauvre, éternellement dépendant de l’aide extérieure, selon les dirigeants africains présents au 43ème Forum économique mondial (WEF) de Davos.

“Aujourd’hui, la seule région au monde pouvant enregistrer une forte croissance, c’est l’Afrique, ce ne sont plus les pays BRICS (Brésil Russie, Inde, Chine, Afrique du Sud), ça c’est terminé”, résume un expert du WEF en marge du Forum.

Selon la BAD (Banque Africaine de développement), la croissance en Afrique sub-saharienne devrait être de 5,25% en 2013, soit deux points de pourcentage supplémentaires par rapport aux estimations du FMI pour la planète entière.

Pour l’homme d’affaires indien Sunil Bharti Mittal, patron du groupe Bharti Entreprises, très présent en Afrique, le “dernier bastion de forte croissance est le continent africain”.

Jamais depuis la création du Forum en 1971, l’Afrique n’a été été aussi bien représentée à Davos, avec neuf chefs d’Etat ou de gouvernement, accompagnés d’importantes délégations composée à la fois de ministres, d’hommes d’affaires et de banquiers.

Les présidents d’Afrique du Sud Jacob Zuma et du Nigeria Goodluck Jonathan, coiffé de son habituel chapeau melon noir, étaient présents mercredi à Davos, de même que leur homologue rwandais Paul Kagame.

Pour le président Zuma, investir en Afrique n’est désormais pas plus risqué que d’investir ailleurs dans le monde, un point de vue soutenu par le président du Nigeria. “Partout dans le monde, il y a toujours un risque quand on investit, aujourd’hui la plupart des pays africains ont un système politique stable”, a-t-il dit.

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à Davos (Photo : Eric Piermont)

Le président nigérian a cependant reconnu que la crise malienne pourrait s’étendre aux autres pays, si elle n’est pas “maîtrisée”. “La situation s’est aggravée à cause de la crise en Libye, a-t-il déclaré, en remerciant une fois de plus la France pour son intervention.

Concernant la situation économique de son pays, le plus peuplé d’Afrique avec 165 millions d’habitants, le président Jonathan a indiqué avoir lancé un ambitieux programme visant à développer les investissements dans son secteur agricole, qui doit devenir une nouvelle source de revenus, à côté du pétrole.

En 2012, le Nigeria affirme avoir investi 8 milliards de dollars dans son agriculture et a reçu plus d’un milliard de dollars de la part d’organisations internationales ou d’aide à la coopération comme la Banque Mondiale ou l’US Aid (Agence américaine pour l’aide au développement).

Selon le ministre nigérian de l’agriculture, Akinwumi Adesina, qui a présenté mercredi à Davos ce programme de modernisation, “il n’y aucune raison pour que le Brésil dispose d’une agriculture moderne et pas le Nigeria”.

“Nous avons l’intention de mettre en place un écosystème qui contrôle toute la chaîne agricole, de la ferme jusqu’à l’assiette”, a-t-il ajouté.

En 2012, le pays a introduit un système basé sur le “portefeuille électronique”, via le téléphone portable, pour ses agriculteurs.

Ce système, qui prévient l’agriculteur par SMS de la prochaine livraison de fertilisants, a permis de fortement diminuer la corruption, a indiqué le ministre nigérian.

Le Nigeria cherche aussi à mieux tirer profit du manioc, dont il est le premier producteur mondial, en créant des produits à plus forte valeur ajoutée, comme la farine à base de manioc.

“Nous avons commencé pour le marché local à fabriquer du pain à base de farine de manioc et aujourd’hui nous en exportons”, a indiqué le ministre.

L’homme d’affaires sud-africain Graham Mackay, président du groupe SABMiller Plc (brasseries), a indiqué pour sa part que sa société a été la première à investir dans le Soudan du Sud. “Nous avons commencé modestement, avec une brasserie, la production a été doublée au bout de six mois et a nouveau doublé au bout d’un an”, a-t-il déclaré lors d’une table-ronde consacrée aux éventuels risques liés aux investissements en Afrique.

“Il y a une énorme demande en Afrique, le niveau de consommation est très faible”, a-t-il rappelé.