Tunisie : Les journalistes du Maghreb arabe se dotent d’un code de déontologie journalistique

Par : TAP

medias-2013.jpgUn code de déontologie pour les journalistes des pays du Maghreb arabe a été adopté jeudi 24 courant, à Hammamet, par des experts et représentants de la profession dans la région. En conclave pendant deux jours (23 et 24 janvier) à Hammamet, un parterre de rédacteurs en chef, journalistes, communicateurs, directeurs d’entreprise de presse et représentants d’organisations et d’associations journalistiques au Maghreb ont adopté, en présence d’experts étrangers, un code de déontologie et une Déclaration.

Dans la «Déclaration de Hammamet», les participants appellent les gouvernements maghrébins à cesser d’exercer la pression et la censure sur les journalistes et à promulguer de nouvelles lois démocratiques qui facilitent l’accès à l’information et protègent le journaliste.

Ils proclament la journée du 24 janvier de chaque année «Journée maghrébine pour la déontologie de la presse» et annoncent un projet de création d’un observatoire maghrébin du journalisme qui fera le suivi de la déontologie dans la presse maghrébine et décernera, à cet égard, un prix à la meilleure entreprise médiatique ou au meilleur journaliste.

Les participants considèrent unanimement que ce code de déontologie se veut un ensemble de devoirs et de droits qui régissent la profession de journaliste, le rapport entre les journalistes et la relation avec le public dans le Maghreb arabe suite aux mutations qu’a connues le paysage médiatique après le printemps arabe.

Ils estiment que ce code constitue un premier pas vers le rapprochement entre les professionnels des médias dans la région et le renforcement de la crédibilité de la presse maghrébine pour qu’elle soit à la hauteur des attentes des citoyens à une presse libre et indépendante. «Cette réunion, la première du genre dans le Maghreb, témoigne de l’intérêt porté à la profession qui fait aujourd’hui l’objet de convoitise et de danger», a affirmé Taieb Zahar, président de l’Association des directeurs des journaux tunisiens.

«Autant le journaliste défend son droit à la liberté d’expression autant il est invité à veiller au respect de l’éthique journalistique. N’empêche que l’Etat aussi est interpellé à respecter la presse», a indiqué Omar Belhouchet, directeur du journal algérien Al Watan.

«Nous nous réjouissons de la liberté des médias après le printemps arabe mais nous remarquons également qu’il y a beaucoup de transgression et de diffamation, c’est pourquoi le journaliste est appelé à respecter la vie privée et la dignité des personnes», a souligné Mouna Reqiq, directrice du journal libyen «Febrayer».

De son côté, Abderrahmane Ould Horma, directeur d’un journal mauritanien, a souligné l’importance de la création d’un observatoire maghrébin du journalisme qui a pour objectif de renforcer l’échange d’expériences entre professionnels des médias dans la région, de publier les résultats des recherches menées dans ce domaine et de contribuer au développement de la liberté de la presse dans le Maghreb.

«Face à l’émergence de nouveaux médias dans les pays du printemps arabe, il est fondamental de chercher à professionnaliser les entreprises de presse afin d’améliorer les conditions de travail des journalistes et leur garantir une formation continue de manière à renforcer le sentiment d’appartenance à la profession», a proposé Larbi Chouikha, enseignant à l’Institut de presse et des sciences de l’information.

Pour sa part l’ambassadeur et chef de délégation de l’Union européenne en Tunisie Laura Baeza a réaffirmé l’engagement de l’UE à soutenir les initiatives à même d’appuyer la liberté de la presse maghrébine et d’assurer une meilleure compréhension des médias dans la région.

Le code de déontologie prévoit notamment dans le chapitre des devoirs, l’importance de la véracité et de l’exactitude de l’information, la séparation entre commentaires et faits, l’interdiction du plagiat, la protection des sources, le droit de réponse, le respect de la vie privée et la dignité de la personne, la non incitation à la violence et à la haine ainsi que la solidarité entre confrères. S’agissant du chapitre des droits, le code, rédigé en trois langues (arabe, français et anglais), rappelle notamment le droit du journaliste au libre accès aux sources d’information, à la protection, à avoir un contrat et une rémunération et à des conditions de travail décentes.

WMC/TAP