écoute de la musique au Palais des Festivals à Cannes, lors du Midem, le 29 janvier 2012 (Photo : Valery Hache) |
[26/01/2013 10:42:38] PARIS (AFP) Dans le sillage de la presse, la filière musicale compte sur la caisse de résonance du Midem pour obtenir à son tour une compensation financière des acteurs de l’internet qui “profitent” des contenus mis sur le réseau, au premier rang desquels Google.
Rendez-vous annuel de l’industrie musicale mondiale, le marché international du disque et de l’édition musicale (Midem) s’ouvre à Cannes samedi et jusqu’à mardi.
Alors que le marché français du disque devrait accuser un nouveau repli en 2012, les principaux acteurs de la filière multiplient depuis quelques jours les interventions pour dénoncer “l’exception numérique” qui les prive de précieuses ressources.
“Il existe un problème de transfert de valeur entre les producteurs de contenus et ceux qui en profitent (opérateurs, équipementiers, moteurs de recherche…, ndlr) qui ne peut être réglé par le droit d’auteur ou les droits voisins”, a estimé le Pdg d’Universal Music France Pascal Nègre.
“Un transfert massif de valeur s’est opéré depuis quinze ans entre ces deux mondes”, a renchéri le directeur général de la Sacem, Jean-Noël Tronc, déplorant que des secteurs industriels “qui ne sont plus guère représentés en Europe que par des filiales de grands groupes américains et asiatiques” bénéficient d’une “asymétrie injustifiée de régulation”.
“Le gouvernement a encouragé au cours des douze dernières années le développement du haut débit et des réseaux numériques et cette volonté politique s’est accompagnée d’un sacrifice des industries de contenus qui ont largement subventionné les tuyaux. Aujourd’hui, il est temps de rééquilibrer cette situation”, ont ajouté les producteurs indépendants.
à Cannes le 29 janvier 2013 (Photo : Valery Hache) |
Si les contours de cette compensation sont encore flous, la filière musicale veut profiter de la brèche ouverte par la presse. Les éditeurs ont obtenu l’ouverture de négociations avec Google et le gouvernement menace de légiférer en cas d’échec.
“J’ai peur que si on règle ce problème de manière catégorielle, la presse se contente de miettes et que le dossier soit clos. On attend de la ministre de la Culture qu’elle se positionne pour régler ce problème de manière transversale”, a mis en garde le Snep, qui représente les quatre majors du disque.
Le bout du tunnel
Le sujet entre dans le champ de la mission Lescure sur l'”acte II de l’exception culturelle”, dont les conclusions sont attendues fin mars.
Mais d’ores et déjà, le gouvernement n’a pas fermé la porte.
“Il n’est pas logique que toute la valeur ajoutée produite par l’ensemble des acteurs soit captée uniquement par une seule catégorie d’acteurs. (…) (La filière musicale) alimente le débat et une certaine forme de pression”, a déclaré Fleur Pellerin, ministre déléguée à l’Economie numérique ,lors de l’émission “Preuves par trois” AFP/Public Sénat.
Alors que le dépôt de bilan de HMV en Grande-Bretagne et Virgin en France jette une ombre de plus sur l’avenir du CD, les plateformes musicales sur internet (Deezer, Beezik…) posent elles aussi la question du partage de la valeur.
Mais cette fois, c’est aussi l’industrie musicale qui est pointée du doigt, puisqu’elles dénoncent les conditions commerciales imposées par les ayants-droit pour mettre à disposition leur catalogue.
La question est aussi au centre des négociations sur les droits d’auteurs entre la Sacem et YouTube France, qui vient d’interrompre la diffusion de publicités sur les vidéos musicales.
Le partage de la valeur est d’ailleurs une préoccupation mondiale.
“Le marché numérique de la musique en pleine expansion ne réalisera son potentiel que si les droits sont protégés”, a estimé auprès de l’AFP Frances Moore, Pdg de l’IFPI, le représentant mondial des producteurs de disques.
Selon elle, le secteur pourrait bientôt voir le bout du tunnel après dix ans de crise.
“Même si nous n’y sommes pas encore, je crois que nous pouvons maintenant dire que le secteur est sur la voie de la reprise au niveau mondial et tend vers la croissance pour la première fois depuis 1999”, a-t-elle déclaré à l’AFP.