L’inventeur du Web met en garde les gouvernements tentés de le contrôler

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à Lyon le 18 avril 2012 (Photo : Philippe Desmazes)

[26/01/2013 10:55:38] DAVOS (Suisse) (AFP) L’inventeur du Web, Tim Berners-Lee, a mis vendredi à Davos en garde contre la tentation des gouvernements à contrôler la “toile”, soutenu en partie par le monde des Affaires, soucieux du “compromis” nécessaire à trouver en liberté et sécurité pour les internautes.

Cette question a été longuement débattue cette semaine à Davos, à la fois par des experts mais aussi par les acteurs économiques opérant sur ce réseau qui n’existait pas il y a un peu plus de 20 ans.

La patronne du groupe américain Yahoo, Marissa Mayer, a expliqué devant les participants du 43e Forum économique mondial que les géants de l’internet cherchaient constamment un compromis entre le respect de la vie privée et l’offre croissante de services personnalisés.

“Je pense que le respect de la vie privée sera toujours quelque chose que les utilisateurs prendront en compte. Mais je pense aussi que ce respect est un compromis”, a-t-elle expliqué. Et cela “parce que lorsque vous donnez des informations vous concernant, vous obtenez en échange des services”, a ajouté Mme Mayer, arrivée en juillet à la tête de Yahoo après 13 ans passés à la tête de Google.

Pourtant, “le rêve est bien celui d’un réseau internet ouvert”, a expliqué de son côté M. Berners-Lees, citant l’explosion des réseaux sociaux.

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économique mondial à Davos le 25 janvier 2013 (Photo : Johannes Eisele)

Malheureusement, les gouvernements ne l’entendent pas ainsi, a-t-il déploré. Et de citer le suicide récent d’Aaron Swartz, militant sur l’internet âgé de 26 ans, poursuivi par la justice américaine pour avoir copié et publié en ligne des millions de pages de données scientifiques privées, mais qu’il estimait d’intérêt public.

“Il a téléchargé des quantités de données et les services secrets en ont fait un +hacker+ (pirate informatique), mais pour moi un +hacker+ c’est quelqu’un qui est créatif et qui fait des choses merveilleuses”, a expliqué M. Berners-Lee, qui lança la première page internet le jour de Noël 1990.

Il faut au contraire que les gouvernements acceptent de rendre public davantage de données afin de permettre peut-être au plus grand nombre d’améliorer nos existences, grâce à de nouvelles informations, a encore expliqué l’informaticien.

“Et les gouvernements peuvent trouver 101 bonnes raisons pour ne pas le faire, mais en réalité, il s’agit surtout de contrôle”, a-t-il encore déploré.

En attendant, l’internet va se “personnaliser” et devenir de plus en plus mobile, a fait valoir Mme Meyer.

Le nombre de tablettes et de “smartphones” a triplé en cinq ans et les ventes de tablettes dépasseront celles des ordinateurs portables cette année, a-t-elle assuré. Mais la vraie question du point de vue des sociétés comme la sienne, est: “comment gagner de l’argent avec ça?”.

Mais pour les gouvernements, il s’agit surtout de maintenir un certain niveau de sécurité sur l’internet sans pour autant tuer la poule aux oeufs d’or.

Pour le ministre britannique chargé de la cybersécurité, Francis Maude, il est nécessaire de s’assurer que l’internet soit “sûr” pour permettre son développement économique.

La commissaire européenne aux télécommunications Neelie Kroes, a pour sa part appelé le monde des affaires et les responsables politiques à encourager la formation des jeunes européenns dans le développement de l’internet.

“La fracture digitale s’élargit, au même rythme que le nombre de chômeurs”, a averti Mme Kroes.

M. Berners-Lee a dit partager ce point de vue, soulignant que le monde avait besoin de davantage de programmateurs en informatique et qu’il était indispensable d’apprendre aux enfants dès leur plus jeune âge à utiliser un ordinateur.