Le logo de Google (Photo : Karen Bleier) |
[29/01/2013 07:46:50] SEOUL (AFP) Google a publié une carte actualisée de la Corée du Nord identifiant notamment les sinistres camps d’internement du régime communiste, ainsi qu’un site de recherche sur le nucléaire au coeur de tensions croissantes entre Pyongyang et la communauté internationale.
“Pendant longtemps, la Corée du Nord est demeurée l’une des plus vastes zones dotées de données cartographiques limitées. Aujourd’hui nous y remédions”, a déclaré sur son blog Jayanth Mysore, un responsable de Google Map Maker.
La carte du pays sur Google Maps est composée à partir du service Google Map Maker grâce à des contributions d’internautes, un peu sur le modèle de l’encyclopédie en ligne Wikipedia, essentiellement sur la foi d’images satellite.
Elle propose un aperçu plus détaillé de Pyongyang avec des écoles, des hôtels, des hôpitaux, une cathédrale, un marché et des parcs ci et là de part et d’autre du fleuve Taedong qui traverse la capitale.
A l’extérieur de Pyongyang, la carte est encore plus clairsemée: quelques grandes villes, des aéroports, une raffinerie, un site de recherche nucléaire et surtout des taches grisâtres représentant des camps d’internement.
A 100 km au nord-est de Pyongyang par exemple, le camp (kwan-li-so) N°18 identifié comme “goulag”.
Dans un rapport de mai 2011, Amnesty International affirmait que les camps d’enfermement ont augmenté en taille et en nombre ces dix dernières années et renferment actuellement quelque 200.000 personnes dans des conditions qu’elle qualifiait d'”atroces”.
ée du Nord (D) |
“De nombreuses personnes dans le monde sont fascinées par la Corée du Nord, mais ces cartes sont surtout importantes pour les Sud-Coréens qui y ont des connexions ancestrales ou de la famille qui y vit”, a ajouté M. Mysore.
La carte améliorée de Corée du Nord reste néanmoins très sommaire.
Techniquement, la Corée du Nord et celle du Sud sont toujours en conflit depuis la fin de la guerre de Corée (1950-53) et les séjours d’étrangers au Nord sont très encadrés.
Les Nord-Coréens vivent dans l’un des pays les plus isolés et censurés au monde et n’ont donc pas accès à l’internet si l’on excepte une infime minorité de quelques centaines de personnes parmi l’élite et les étudiants.
Ils n’ont par conséquent aucun moyen de renseigner l’étranger sur la topographie, l’urbanisation ou la localisation d’installations stratégiques.
La publication de la carte nord-coréenne par Google intervient après la visite dans le pays du patron du géant de l’internet Eric Schmidt pour une visite “humanitaire privée” de trois jours, avec un ancien diplomate américain, Bill Richardson.
A son retour, il avait déclaré que “la décision (des Nord-Coréens) de demeurer virtuellement isolés ne peut qu’affecter leur univers, leur croissance économique”, tandis que “la planète devient de plus en plus connectée”.
Google avait déjà participé à dévoiler l’emplacement des camps d’internement nord-coréens grâce à son service d’image par satellite, Google Earth, abondamment utilisés par les ONG de défense des droits de l’Homme.
Une porte-parole du ministère sud-coréen de la Réunification a salué opportunité pour le monde d’en apprendre plus” et pour la Corée du Nord “de s’ouvrir davantage”.
Les Sud-Coréens se sont également réjouis, à l’image de Lee Nak-Ye, président d’une association de réfugiés. “Je serais heureux de voir une carte de ma ville natale”, a dit l’octogénaire qui a quitté le Nord en 1950.
Les tensions entre Pyongyang et la communauté internationale sont à leur comble après le tir en décembre d’une fusée, considérée par Washington et ses alliés comme un nouvel essai de missile balistique.
Le Conseil de sécurité des Nations unies a adopté des sanctions élargies à l’encontre du régime nord-coréen qui a en retour annoncé son intention de procéder à un troisième essai nucléaire.