Japon : un budget 2013-2014 de 760 milliards d’euros pour fortifier le pays

[29/01/2013 10:14:20] TOKYO (AFP) Le nouveau gouvernement conservateur japonais a présenté mardi un projet de budget annuel initial conçu pour ramener croissance et confiance dans un pays qui se sent menacé et en déclin.

Les crédits de l’Etat pour l’année d’avril 2013 à mars 2014 s’établiront à 92.612 milliards de yens (760 milliards d’euros), en léger repli sur un an.

Quelque 46,3% proviendront de l’émission de nouvelles obligations, en dépit d’un endettement public colossal qui coûtera, en remboursement, 24% du budget de l’exercice prochain.

Cependant, pour la première fois en quatre ans, les recettes d’impôts devraient dépasser les sommes nouvellement empruntées.

“Pendant trois ans les recettes issues des obligations ont dépassé celles provenant de l’impôt et il est bien de pouvoir inverser cela”, s’est félicité le ministre des Finances, Taro Aso, lors d’une conférence de presse.

Cette loi budgétaire doit encore être votée par les députés et sénateurs lors de la session parlementaire qui vient de débuter.

“Ce budget s’inscrit dans la ligne voulue par le Premier ministre”, a insisté le porte-parole du gouvernement.

Le chef de l’exécutif, le conservateur Shinzo Abe, a fait du rétablissement de l’économie japonaise la priorité de son nouveau mandat, entamé le 26 décembre, sur fond de conjoncture extérieure difficile, notamment en Europe, et d’anémie intérieure accentuée par le séisme et le tsunami sans précédent du 11 mars 2011.

Le gouvernement prévoit de consacrer plus de 40 milliards d’euros aux travaux publics, s’ajoutant à une somme voisine déjà intégrée dans un plan de relance mis sur les rails au début du mois.

“Nous avons pensé le budget sur 15 mois (en prenant en compte la rallonge pour le dernier trimestre de l’exercice 2012-2013), et je pense que nous affrontons vraiment de la sorte la crise économique”, a justifié M. Aso.

Le Premier ministre Abe a répété lundi dans son discours de politique générale qu’il fallait redonner du tonus à l’activité et débarrasser le pays de la déflation qui fait tourner à l’envers la machine économique en bridant l’investissement, la progression des salaires et la consommation.

“Ce que nous expérimentons actuellement, une dépression économique due à la déflation, personne ne l’a vécu nulle part dans le passé et nous n’avons pas réussi jusqu’à présent à prendre les mesures permettant de lutter contre”, a renchéri M. Aso.

“En dépit de taux directeur à zéro, les entreprises n’ont pas investi plus, ni les particuliers dépensé davantage”, a-t-il souligné.

“On ne peut pas sortir de la déflation seulement par la politique monétaire” de la banque du Japon. Si le gouvernement n’appuie pas sur le levier budgétaire simultanément, “le pays ne parviendra pas à mettre fin à cette déflation”, a insisté le ministre des Finances.

Et d’ajouter “si cela réussit, on dira que c’était la bonne politique”.

Par ailleurs, le projet de budget prévoit aussi une augmentation de 40 milliards de yens (360 millions d’euros) du budget de la défense, somme modeste mais geste symbolique de la part du gouvernement de droite dirigé par le “faucon” Shinzo Abe.

Les effectifs militaires seront renforcés de 287 têtes, s’ajoutant aux quelque 228.000 en poste, leur augmentation la plus importante depuis 20 ans, selon le quotidien Yomiuri.

Le gouvernement japonais est en train d’étudier différentes options pour améliorer la surveillance et la protection de ses eaux territoriales dans lesquelles des bateaux chinois font de régulières incursions.

Il songe aussi à redéployer des attachés militaires en Afrique du Nord et au Moyen-Orient où la prise d’otages récente en Algérie a montré la vulnérabilité des intérêts nippons.

Par ailleurs, le Japon craint les mouvements de la Corée du Nord qui, après des tirs de fusées considérés comme des tests de missiles par Tokyo, prévoit de réaliser un troisième test nucléaire.