éaire de Fessenheim (Photo : Sebastien Bozon) |
[29/01/2013 15:56:01] MONTBARD (Côte-d’Or) (AFP) Malgré des perspectives assombries en France comme à l’étranger, le nucléaire reste un secteur porteur et qui recrute en France, avec le soutien réaffirmé de l’Etat qui veut encourager les PME de la filière à exporter, au grand dam des antinucléaires.
Mardi, à l’occasion d’une réunion du Comité stratégique de la filière nucléaire, les ministres Arnaud Montebourg (redressement productif) et Delphine Batho (Ecologie et énergie) ont souligné que malgré la volonté du gouvernement de réduire son poids dans le système énergétique français, l’atome continuerait à jouer un rôle important en France, en complément des énergies renouvelables et avec des exigences de sûreté toujours plus élevées.
L’arrivée de la gauche au pouvoir en 2012 s’est traduite par un tournant historique en matière de politique énergétique, avec la promesse d’une fermeture en principe fin 2016 de la centrale alsacienne de Fessenheim, doyenne du parc atomique français, doublée d’un engagement à réduire la part du nucléaire dans la production d’électricité de 75% à 50% à l’horizon 2025.
Mais malgré ce virage, “le nucléaire continuera d’occuper une part très importante (…), ce qui nécessite que nous gardions une filière industrielle performante et d’excellence”, a plaidé Delphine Batho, lors d’une conférence de presse.
En outre, le secteur continue de recruter, en grande partie pour renouveler des effectifs vieillissants.
La filière emploie 220.000 personnes en direct (soit 6% des emplois industriels français), a rappelé Arnaud Montebourg. Elle compte plus de 2.500 entreprises et génère 46 milliards d’euros de chiffre d’affaires cumulé.
En outre, “c’est une filière qui a prévu 110.000 recrutements à l’horizon 2020”, a-t-il souligné, ajoutant que “c’est quand même une bonne nouvelle pour la France que nous ayons une filière performante, exportatrice, technologiquement très innovante, et qui recrute massivement”.
Pour sa part, le PDG d’EDF, Henri Proglio, a estimé que la filière était “un outil de compétitivité pour le territoire français” et que “nombre d’emplois seraient vraisemblablement délocalisés si cette compétitivité était supprimée, de l’ordre de 500.000”. Il a aussi rappelé qu’elle constituait “un enjeu considérable pour la France en matière d’exportation”.
Les deux ministres ont paraphé un accord créant le Fonds de modernisation des entreprises nucléaires, en présence des principaux dirigeants du secteur. Doté de 133 millions d’euros, et cofinancé par la Banque publique d’investissement (BPI, via le Fonds stratégique d’investissement à hauteur de 50 millions d’euros) et les grands acteurs du secteur, il aidera les PME de la filière à décrocher des marchés à l’export.
Le soutien de l’Etat est cependant loin de faire l’unanimité. L’avenir de la filière est une pomme de discorde entre socialistes et écologistes, et est vivement contesté par les ONG antinucléaires.
Ce fonds n’est qu'”une oeillade aux grandes entreprises du nucléaire et à leur lobby, décidément puissant”, a protesté EELV, allié du PS, appelant le gouvernement à “préférer l’avenir”.
Le réseau Sortir du nucléaire, pour sa part, y a vu une “provocation” et un “manque de cohérence” du gouvernement, estimant qu'”encore une fois, les deux ministres se posent en VRP du nucléaire, apportant un soutien à une énergie du passé au mépris des enjeux énergétiques actuels”.
Symboliquement, l’annonce de la création du FMEN s’est déroulée sur le site de Valinox, une usine qui fabrique plus de 5.000 km de tubes destinés aux réacteurs français et étrangers, et dont l’activité illustre bien les enjeux de la filière française, de plus en plus tirée par l’export, malgré Fukushima qui a ralenti les perspectives de l’industrie nucléaire mondiale.
Le site emploie près de 600 personnes et sa capacité a été triplée en 2011 avec l’ouverture d’une nouvelle unité d’un coût de 80 millions d’euros. Et elle a décroché récemment des contrats pour équiper des réacteurs de 3e génération en Corée du Sud et en Chine.