érence à San Jose en Californie, le 25 septembre 2012 (Photo : Justin Sullivan) |
[30/01/2013 08:06:10] NEW YORK (AFP) Après plusieurs reports et une chute boursière vertigineuse, le groupe canadien Research in Motion (RIM) dévoile mercredi son BlackBerry 10, nouvelle génération de téléphones qui doit sceller son avenir.
Un an après le départ des deux fondateurs et codirigeants historiques de RIM, Jim Balsillie et Mike Lazaridis, ce sera l’épreuve de vérité pour le PDG allemand Thorsten Heins et le Français Frank Boulben, directeur du marketing.
A 15h00 GMT, le duo européen, arrivé à la tête du groupe en pleine débâcle, présentera la nouvelle gamme d’appareils et le dernier né des systèmes d’exploitation de RIM, lors d’un grand lancement new-yorkais retransmis simultanément à Toronto, Londres, Paris, Johannesburg et Dubaï.
Reprenant le style du grand rival Apple, les deux hommes doivent animer une présentation magistrale de leur nouveau produit, avec plus de deux ans de retard sur les prévisions initiales.
“Nous avons pris le temps de construire une plateforme fiable pour les dix prochaines années”, a expliqué M. Heins au journal Die Welt.
Pour François Morin, président du cabinet conseil canadien M2M Digital, les dirigeants de RIM “savaient qu’ils n’avaient qu’une chance (et que les produits) n’étaient pas au point” jusqu’ici.
Ce retard a coûté cher à l’entreprise du sud de Toronto: sa part de marché a glissé à 6% en 2012, selon le cabinet IDC, loin derrière Samsung, leader des smartphones avec 39,6%, et Apple qui détient un quart du marché.
Au faîte de sa puissance, en 2008, le titre RIM valait 144 dollars. Mardi, il a clôturé à 15,66 dollars.
Mais avec encore 80 millions d’utilisateurs actifs, aucune dette, une popularité toujours forte en dehors de l’Europe et de l’Amérique du Nord, plusieurs analystes conseillent de ne pas enterrer le groupe trop tôt.
“La société peut tenir à ce rythme encore plusieurs années”, estime Claire Booty, analyste du cabinet Ovum. “Mais la belle époque (de RIM) est révolue à jamais”.
Le téléphone des décideurs de la planète
Très populaire en Asie, BlackBerry mise sur les marchés émergents: “c’est une partie importante de sa stratégie”, note Willy Shih, de l’Ecole de commerce de l’Université Harvard.
L’un des grands défis de BlackBerry est de redevenir le téléphone des décideurs de la planète. Quelques jours avant de s’installer à la Maison Blanche, début 2009, Barack Obama déplorait ainsi dans la presse les règles des services secrets qui l’empêchaient de conserver son précieux outil… Il obtiendra finalement une version spéciale, à la mesure de sa fonction présidentielle.
Selon François Morin, RIM peut encore regagner le coeur des hommes d’affaires, car “ils ont toujours perçu l’iPhone comme un outil de divertissement”.
Mais pour cela, BlackBerry doit restaurer la confiance, notamment après ses pannes géantes de 2011, et prouver qu’il est capable d’innover à nouveau.
D’ores et déjà, certains détails sur les futurs téléphones sont connus.
Le clavier physique, qui faisait la force des BlackBerry, est conservé. Les clients pourront cependant choisir certains modèles équipés d’un clavier tactile.
Le nouveau système d’exploitation doit permettre d’utiliser jusqu’à huit applications à la fois, ce qui est impossible avec l’iPhone.
Il devrait en outre être possible de se servir des BlackBerry pour payer ses achats, via une carte Visa.
Reste la question des applications: Apple en propose plus de 700.000, soit 10 fois plus que ce qui est disponible sur BlackBerry World, le nouveau portail de RIM pour télécharger ces mini-logiciels, mais aussi –c’est une nouveauté–, des vidéos ou de la musique.
Et alors que les marchés bruissent de rumeurs de démembrement de la société ou d’alliances stratégiques, le PDG de RIM se veut patient: “Ce qui importe pour le moment, c’est de lancer BlackBerry 10 avec succès. On verra pour la suite”, a-t-il dit à Die Welt.