La Haute Horlogerie mise toujours plus haut

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ésentation de montres Piaget au Salon international de la haute horlogerie à Genève, le 21 janvier 2013 (Photo : Fabrice Coffrini)

[30/01/2013 08:54:43] GENEVE (AFP) La haute horlogerie suisse joue plus que jamais la carte de l’Asie et mise sur les superlatifs, avec des montres toujours plus complexes, plus riches de pierres précieuses et en conséquence affichant des prix de plus en plus élevés.

Le Salon International de la Haute Horlogerie (SIHH), tenu la semaine dernière à Genève, a voulu ignorer la situation économique mondiale, fort d’une participation de plus de 13.000 visiteurs, uniquement des professionnels. Ils sont venus du monde entier mais leur répartition géographique reste “confidentiel” pour les organisateurs.

16 marques étaient présentes, dont 11 du groupe Richemont, le numéro deux mondial du luxe avec sa marque emblématique Cartier.

En 2012, les exportations horlogères suisse ont passé le cap des 20 milliards de francs suisses (16 milliards d’euros), Hong Kong étant le premier débouché, suivi par les Etats-Unis et la Chine.

Les exposants sont “plutôt confiants et tout-à-fait sereins”, a affirmé à la fermeture Fabienne Lupo, présidente et directrice générale de la Fondation de la Haute Horlogerie, organisatrice du salon.

“Il y a toujours de l’appétit pour les objets qui ont de la valeur. Les pièces sont aussi appréciées pour leur dimension d’investissement”, a souligné pour l’AFP le directeur du marketing de Van Cleef et Arpels, Jean Bienaymé. La collection de la maison de haute joaillerie parisienne, passée dans le groupe Richemont, les “complications poétiques” débutent à 100.000 euros, les plus chères dépassant le million.

A l’appui de cette approche, il rappelle que “depuis 50 ans, les pièces de Van Cleef sont dans le top 3 des ventes aux enchères”.

“Nous avons su nous développer sur l’ensemble des continents, aux Etats-Unis, au Japon où nos clients sont très fidèles. L’Asie progresse très vite mais aussi la Russie. En Chine notre réseau se développe. Nous ne dépendons d’aucune marché. Sur le Moyen-Orient nous avions pris un peu de retard. Nous avons ouvert au Brésil il y a bientôt un an”.

Georges Kern, le Directeur général d’IWC, qui supervise aussi Roger Dubuis et Baume et Mercier chez Richemont, a plutôt douché les enthousiasmes. “Les arbres ne croissent pas jusqu’au ciel”, a-t-il dit au salon, voyant arriver la fin de la croissance à deux chiffres. En réponse il mise sur le “swiss made”, regrettant le manque de réceptivité des politiques qui peinent depuis plusieurs années à légiférer pour renforcer cette appelation, synonyme de qualité.

En 10 ans, IWC a quadruplé sa production et a équilibré ses ventes entre l’Europe (ramenée à 40%), les Etats-Unis et l’Asie.

François-Henry Bennahmias, patron d’Audemars-Piguet (31.000 montres en 2012 pour 600 millions CHF) est optimisme sur le long terme. “On n’en est qu’au début. Il y a probablement 50 fois plus d’acheteurs potentiels que de montres produites”, a-t-il dit au journal Le Temps.

Dans cet univers presque exclusivement suisse, A.Lange & Söhne, la firme de Glashütte, dans l’ex-Allemagne de l’Est, près de Dresde, vient bousculer les habitudes avec son extraordinaire parcours à succès.

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é au Salon international de la haute horlogerie à genève, le 21 janvier 2013 (Photo : Fabrice Coffrini)

Fondée en 1845 par Ferdinand A. Lange, la marque devient le symbole de l’horlogerie de précision allemande. Nationalisée par la RDA en 1948, la marque disparaît.

Après la chute du mur, le petit-fils du fondateur, Walter Lange redépose en 1990 la marque et recrée la société fondée 145 ans plus tôt. Avec pour parrains prestigieux IWC et Jaeger-Lecoultre, la maison “reconstruite depuis rien” présente ses 123 premières montres “made in Germany” en 1994. Rachetée en 2000 par Richemont, les 600 employés de Lange & Söhne produisent et vendent “quelques milliers de montres par an, uniquement en or ou platine au prix minimum de 15.000 euros”, selon Katrin Meusinger, directrice de la communication. La maison présentait son produit phare, une grande complication à sept fonctions. Elle a nécessité 7 ans de développement et demande un an pour être assemblée. Son prix ? 1,92 million d’euros. Six exemplaires seront fabriqués.

Troisième marque horlogère mondiale (après Rolex et Omega) par son chiffre d’affaires, le vaisseau amiral Cartier a présenté pas moins de 110 nouveautés au SIHH. La déclinaison des “heures fabuleuses” n’est qu’un prétexte pour des créations de haute joaillerie, dans le très haut des échelles de prix. Les “heures mystérieuses” sont plus classiques, une occasion de mettre en valeur de nouveaux mouvements développés maison et de répliquer au quasi monopole dans ce domaine du numéro un mondial de l’horlogerie, le groupe Swatch concurrent (15 marques et plus de 8 milliards de francs suisses).