Le Conseil d’administration de la Banque centrale de Tunisie (BCT), réuni mercredi 30 janvier à Tunis a affirmé dans un communiqué que l’économie tunisienne a pu sortir en 2012 de la situation de récession qu’elle avait connue un an plus tôt et amorcer une reprise économique progressive ayant concerné la plupart des secteurs d’activités.
Il s’agit, entre autres de l’agriculture et des services -plus particulièrement le tourisme et le transport aérien avec un accroissement des recettes touristiques et du nombre de passagers de 30% et 32%, respectivement; sans oublier les industries non manufacturières dont l’indice de la production minière a connu une progression de 11,2% à fin octobre 2012, mais aussi l’énergie, précise le document de la BCT.
En revanche, les industries manufacturières orientées vers l’exportation ont enregistré une baisse de cet indice de 1,1% pour les industries mécaniques et électriques et de 3,6% pour le textile et habillement.
Climat des affaires morose
Concernant les équilibres financiers, le Conseil de la BCT a constaté qu’un ensemble d’évolutions négatives enregistrées, au cours de l’année 2012, imputables tant à l’évolution défavorable de la conjoncture internationale qu’au climat intérieur des affaires, a contribué à exacerber les pressions sur le balance des paiements courants, la hausse du niveau général des prix et l’aggravation du déficit du budget de l’Etat.
Les paiements extérieurs ne sont pas en reste, puisque le Conseil souligne que les exportations ont subi l’effet du repli de la demande extérieure, essentiellement des pays partenaires européens qui ont connu une récession au cours de l’année 2012, alors que les importations ont augmenté, surtout pour l’énergie, les biens d’équipement et les biens de consommation, à un rythme plus rapide.
Résultat: ces évolutions ont entraîné un élargissement du déficit commercial de 35% en 2012, contribuant à l’aggravation du déficit de la balance des paiements courants qui a atteint 8,1% du PIB, contre 7,3% une année auparavant, lit-on dans le communiqué de la BCT.
Le financement de ce déficit a été assuré grâce à l’accroissement des flux d’investissements directs étrangers (+85,4%), d’une part, et à la mobilisation accrue des crédits extérieurs à moyen et long termes, d’autre part, ce qui a favorisé la consolidation des avoirs nets en devises pour atteindre 12.576 MDT ou l’équivalent de 119 jours d’importation au terme de l’année 2012, contre 10.582 MDT et 113 jours à fin 2011, d’après la même source.
Quant à l’évolution des prix, la BCT indique que le taux d’inflation a atteint 5,9% en termes de glissement annuel et 5,6% en moyenne au terme de l’année 2012, contre 3,5% enregistré en 2011. Cette hausse a concerné tous les groupes de produits, surtout les produits alimentaires dont les prix ont augmenté de 8,4% à la fin de l’année 2012.
Atténuation des besoins des banques en liquidité
Par ailleurs et sur le plan monétaire, le Conseil de la BCT souligne que le besoin des banques en liquidité s’est progressivement atténué, au cours du dernier trimestre de l’année, ce qui a entraîné une baisse de l’intervention de la Banque centrale sur le marché monétaire. Ce qui donc justifie la décision de la BCT de relever son taux d’intérêt directeur à fin août 2012, une hausse du taux d’intérêt moyen sur le marché monétaire passant de 3,16% en janvier 2012 à 3,98% en décembre 2012.
Au début de l’année en cours, l’intervention de la BCT sur le marché monétaire a été ramenée à 3.663 MDT en janvier (contre 4.786 MDT en décembre 2012), en rapport avec la rationalisation du refinancement, d’une part, et l’amélioration de la liquidité bancaire suite surtout à la hausse sensible des dépenses de l’Etat, d’autre part. Aussi, le taux d’intérêt moyen sur le marché monétaire a augmenté pour atteindre 4,25% au cours du même mois, ajoute le communiqué.
Pour ce qui est de l’activité du secteur bancaire, la BCT indique qu’elle a été marquée par une hausse de l’encours des dépôts en 2012 à un rythme plus rapide que celui enregistré l’année précédente (10,8% contre 5,1%) concernant, surtout, les certificats de dépôts et les dépôts à vue. Par contre, les concours à l’économie ont connu une décélération de leur rythme de progression (8,7 contre 13,4% en 2011), notamment pour les crédits à moyen terme en relation avec le ralentissement des investissements privés.
Les recommandations de la BCT
A la lumière de ces évolutions, le Conseil de la BCT a recommandé de mettre en œuvre les mesures indispensables au maintien des équilibres financiers à des niveaux soutenables, conditions nécessaires à la relance de l’investissement, de la croissance et de l’emploi, ainsi qu’au rétablissement de la stabilité économique et financière, selon l’institut d’émission et de maintenir inchangé le taux d’intérêt directeur de la BCT.
Sur le plan international, le Conseil a noté le ralentissement du rythme de la croissance de l’économie mondiale en 2012 avec un taux de 3,2%, contre 3,9% une année auparavant et ce, en rapport, surtout, avec les retombées de la crise de l’endettement public dans la zone Euro.
Pour 2013, le Conseil de la BCT souligne que la Banque mondiale et le FMI ont révisé, en janvier 2013, leurs prévisions du taux de croissance attendu pour l’économie mondiale à 2,4% et 3,5% respectivement, et ce en raison du faible rythme de l’activité dans les pays industrialisés, estimant, toutefois, que l’expansion économique continuera à se consolider dans les pays émergents et en développement.