Opel (Photo : Daniel Roland) |
[31/01/2013 17:37:42] FRANCFORT (AFP) Le constructeur Opel, enfant terrible de l’industrie automobile allemande, a désigné jeudi Karl-Thomas Neumann pour prendre les rênes de l’entreprise, une nomination symbole du renouveau qui doit être insufflé à la marque à l’éclair si elle veut survivre.
Comme prévu, la présence de Thomas Sedran à la tête d’Opel aura été de courte durée. Nommé patron intérimaire en juillet, après le départ de Karl-Friedrich Stracke, lui-même resté en poste seulement quinze mois, M. Sedran laissera sa place le 1er mars à un fin connaisseur du secteur, Karl-Thomas Neumann.
Cet électronicien de formation de 51 ans, ancien patron de l’équipementier automobile Continental, était jusqu’à récemment responsable des activités du groupe Volkswagen en Chine. Ses fonctions au sein du numéro un européen avaient pris fin en août dernier.
Doté de “connaissances poussées de l’industrie automobile”, le nouveau chef d’Opel “va permettre à l’entreprise de réaliser le plus beau redressement de l’histoire automobile européenne”, a affirmé jeudi Steve Girsky, président du conseil de surveillance d’Opel.
Cette nomination “assure que nous poursuivons notre chemin vers la rentabilité et la croissance en Europe avec la meilleure équipe de direction possible”, a renchéri Dan Akerson, le PDG de General Motors.
La maison-mère d’Opel espère en effet voir ses activités européennes, dont Opel constitue le pilier, renouer avec les bénéfices d’ici le milieu de la décennie, après des années de pertes qui l’avaient poussé à envisager en 2009 la vente du constructeur allemand.
Quelque 11.000 emplois supprimés plus tard, GM exerce toujours une très forte pression sur Opel, appelé à réduire ses coûts à tout prix alors que sa part de marché ne cesse de fondre dans un marché européen moribond.
écembre 2012 (Photo : Patrik Stollarz) |
Parallèlement au lancement de plusieurs nouveaux modèles, la marque à l’éclair souhaite mettre un terme à la production de voitures après 2016 dans l’un de ses quatre sites allemands, à Bochum (ouest), avec à la clé quelque 3.300 postes supprimés.
Mais Steve Girsky a menacé la semaine dernière de fermer le site dès début 2015 si un accord avec le personnel sur le plan de redressement d’Opel n’était pas trouvé au mois de février.
La nomination de M. Neumann, saluée par le syndicat IG Metall, pourrait améliorer les relations entre représentants du personnel et direction.
Armin Schild, directeur d’IG Metall pour le centre de l’Allemagne et membre du directoire d’Opel, y voit une “opportunité d’adapter la stratégie de l’entreprise aux défis actuels et futurs”.
Selon lui, il s’agit “de la meilleure et de la plus importante décision en terme de personnel prise depuis de nombreuses années”.
Pour renouer avec le succès, la marque “a besoin de toute urgence de changer de culture dans son management et de prendre d’autres décisions structurelles”, ce qui constitue la mission principale du nouveau patron, poursuit-il, estimant qu’il faut “en finir avec l’époque où Opel agissait (…) en dépit de l’opposition du personnel, des comités d’entreprise et d’IG Metall”.
“La tâche est immense”, commente un ancien proche collaborateur de M. Neumann. Mais “si quelqu’un peut réussir à enthousiasmer les salariés, à enthousiasmer les clients tout en recevant l’approbation de la maison mère General Motors, c’est bien lui”, assure cette source au sein de Continental, qui ne souhaite pas être identifiée.
“Je sais que c’est une mission exigeante”, a déclaré jeudi M. Neumann, qui s’est toutefois dit convaincu de parvenir à un redressement de la marque, “conjointement avec les équipes dirigeantes et les salariés”.
A la différence de ses prédécesseurs, il aura davantage d’outils pour réussir puisqu’il prend également en mars les fonctions de vice-président de GM et de président de GM Europe, jusqu’ici détenues par M. Girsky.