Elles s’appellent Beate Siroca Gordon et Eka Zkouladze. La première est américaine. Elle est décédée, ces jours-ci, à l’âge de 89 ans. La seconde est géorgienne et elle a seulement 34 ans. Elle vient de participer à Tunis à un colloque international sur la réforme de l’institution sécuritaire post-révolution.
Les deux femmes ont pour commun d’avoir réussi, jeunes, l’exploit de changer le destin de deux pays, en l’occurrence le Japon et la Géorgie, illustrant de manière éloquente la volonté de l’homme de changer les choses et de faire du bien aux peuples.
Beate Siroca Gordon a eu le mérite d’avoir rédigé, à 22 ans, le projet de la Constitution japonaise de 1947, sur les droits des femmes et la parité. Au regard de l’excellente qualité de vie qui prévaut, de nos jours, dans l’archipel et des progrès économiques qui y sont accomplis au point d’en faire la troisième puissance économique du monde, les Japonais -hommes et femmes- ne peuvent que lui être reconnaissants.
Dans ses mémoires, elle écrivait que l’objectif de doter la femme japonaise d’une Constitution moderne et avant-gardiste avec pour valeurs “pacifisme et égalité des droits“ avait pour unique objectif de «contribuer à la fondation d’une société japonaise moins oppressive».
Elle ne s’était pas trompée d’agir sur la femme, voire sur la matrice de ce grand peuple. Pour le reste, le résultat n’a fait que suivre. Le Japon, en faisant l’économie de l’effort de guerre et en concentrant le plus clair de ses efforts au développement, à la croissance et au progrès, est, aujourd’hui, un pays prospère, pacifique, épris de paix et respecté.
Quant à Eka Zgouldaze, ex-ministre de l’Intérieur géorgienne, elle a eu le mérite d’avoir transformé la police de son pays d’une corporation détestée en une des institutions des plus respectées du pays.
Concrètement, elle a participé à la «désoviétisation» de l’institution policière, notamment en remplaçant 20.000 anciens fonctionnaires suspects par de jeunes recrues et en faisant passer les effectifs de 85.000 à 23.000 personnes.
Pour elle, l’essentiel est d’agir sur la mentalité de la police et d’œuvrer à l’intégrer comme un corps normal dans le tissu social. Point d’orgue de ses réformes: la conversion des locaux lugubres et opaques de la police en cadres transparents et accueillants.
Abstraction faite de ces exploits de femmes, si nous avons eu une pensée respectueuse pour ces deux dames exceptionnelles qui ont réussi là où les machos ont échoué, c’est tout juste pour leur rendre hommage et pour rappeler deux choses: l’enjeu que présente la femme dans la promotion des peuples et l’urgence, en Tunisie, de donner une chance aux jeunes pour assumer, en cette période de transition démocratique, des responsabilités politiques et pour contribuer aux réformes structurelles du pays. Le principe étant que “la valeur n’attend pas le nombre des années“, comme dirait le philosophe.