Une illustration de la crise grecque (Photo : Philippe Huguen) |
[03/02/2013 13:02:44] ATHENES (AFP) L’impact sur la récession du plan de rigueur imposé à la Grèce, dont certaines “erreurs” ont été évoquées par des hauts responsables de l’UE et du FMI, “pourrait être rectifié”, a estimé dimanche le ministre grec du Développement.
“Il y a eu des erreurs dans la recette” du plan d’austérité, dicté par l’UE et le FMI et “nous essayons les rectifier dans la mesure du possible”, a indiqué Costis Hadzidakis dans un entretien au journal Real News.
Compte tenu que “la troïka (UE-BCE-FMI) a reconnu qu’il y a eu des erreurs” et que “le gouvernement grec fait actuellement un effort sérieux pour rétablir la confiance du pays”, “tout cela pourrait conduire à des rectifications” et l’apaisement de la rigueur, a souligné le ministre.
Plusieurs hauts responsables de l’UE et du FMI ont critiqué l’impact de l?austérité stricte imposée au pays depuis le début de la crise de la dette en 2010, qui a plongé la Grèce dans une récession profonde.
Le débat a rouvert après un récent article des économistes au FMI, Olivier Blanchard et Daniel Leigh, où ils expliquaient que l’utilisation d’un mauvais coefficient de calcul a débouché sur une sous-estimation des effets négatifs de l’austérité en Europe.
Tenant d’une ligne plus souple au sein du FMI, M. Blanchard avait déjà reconnu que les effets de l’austérité sur la croissance avaient été sous-estimés notamment en Grèce, en récession pour la cinquième année consécutive.
En octobre, le ministre adjoint grec aux Finances, Christos Staikouras, avait relevé que le FMI s’était trompé en matière d’impact de la rigueur sur la récession.
Depuis 2009, “le coefficient multiplicateur” des mesures de rigueur sur le recul de croissance a été “d’environ 1, au lieu de 0,5” qui avait été retenu pour la mise au point par l’UE et le FMI des plans de redressement dictés à la Grèce en échange des prêts internationaux, avait dit M. Staïkouras, soulignant que même le FMI “le reconnaît désormais”.
Interrogé jeudi sur la question lors d’une conférence de presse, le porte-parole du FMI Gerry Rice a rappelé que l’institution a “mis à jour ce multiplicateur” dès qu’elle s’était aperçu “que les conditions en Grèce étaient différentes” que celles prises en compte lors du début de la crise.
Toutefois, M. Rice a souligné que “ce multiplicateur n’était qu’une dimension du problème” et qu’il y avait “d’autre facteurs qui déterminent l’ajustement des finances publiques de chaque pays”. “Et chaque pays est différent”, a-t-il conclu.
De son côté, le ministre des Finances Yannis Stournaras a indiqué dimanche dans un entretien publié au quotidien Kathimérini que “l’autocritique du FMI aurait dû être fait plus tôt”.
“Nous avons été contraint de prendre des mesures beaucoup plus nombreuses que celles qu’il faillait pour atteindre les objectifs (…) mais cela peut nous permettre d’arriver à un excédent primaire dès 2013”, a dit M. Stournaras.
Mais pour le chef du principal parti de l’opposition de la Gauche radicale Alexis Tsipras, qui impute au plan de rigueur l’effondrement de l’économie, la voie pour sortir de la crise n’est que “la fin du cercle vicieux des politiques d’austérité”.
“Il faut entrer dans la voie de la croissance” et “la viabilité de la dette dépend de la restructuration (haircut) de la dette”, a-t-il dit dans un entretien publié dimanche également à Kathimérini.
Sans exclure l’éventualité “d’une nouvelle restructuration de la dette”, M. Stournaras a répondu que “la condition pour une nouvelle décote serait d’arriver à un excédent primaire”.
Les hauts responsables de la troïka sont attendus fin février à Athènes pour le contrôle régulier des comptes grecs en vue de la poursuite des versements des prêts au pays.