La
naissance de la
Troïka de l’opposition sonne comme un big bang dans la vie
politique du pays. Elle vient remettre le débat politique dans le droit chemin:
pour ou contre l’Etat national. Ce credo, plus que la taille physique de la
nouvelle formation, devient un redoutable dénominateur commun pour fédérer les
forces patriotiques et également pour… écrire une Constitution démocratique.
C’est un événement politique majeur, dans l’histoire de la Tunisie qu’est la
naissance la Voie démocratique et sociale. Il vient reconfigurer le débat
politique. Celui-ci s’est enlisé dans ce dangereux labyrinthe de la controverse,
perfide, entre partisans de l’Islam politique et les laïcs, occultant le
sentiment patriotique, repère incontournable.
La Voie démocratique et sociale vient remettre les pendules à l’heure. En
réactivant la primauté de l’appartenance à la Tunisie, il vient réveiller ce
moteur de l’Etat de l’indépendance qui est parvenu à souder les Tunisiens dans
l’unité pour construire l’Etat national. Fatalement, cette nouvelle alliance
s’interpose comme un antidote au processus de détricotage de l’Etat et s’érige
en digue contre la dérive vers le projet de l’internationale islamiste.
Du coup, la trajectoire du processus de transition démocratique se met dans une
perspective en phase avec les objectifs de la révolution: emploi, liberté et
dignité nationale.
Jusqu’où ira l’onde de choc de cet événement fondateur?
Un dénominateur commun à toutes les forces patriotiques
Dimanche 27 courant, la famille démocratique, drapée dans son habit patriotique
vibrant à l’urgence de redresser la trajectoire de la transition et au sentiment
d’appartenance à la Tunisie, s’était réunie pour souffler la première bougie du
Nidaa. On voyait la vague monter, et deux jours plus tard naissait la Voie
démocratique et sociale. Ce n’est pas qu’une simple formation politique mais une
véritable force de frappe qui se mettait en place. Tout ce qu’on a vu jusque-là
n’était qu’une agitation, certes créatrice et féconde. Les sensibilités diverses
en se positionnant sur la scène politique n’ont fait qu’atomiser la dynamique
révolutionnaire pour concrétiser la démocratie dans le pays. L’opposition s’est
retrouvée, émiettée, sans portée effective. Sans mot d’ordre, elle ne pouvait
atteindre le cœur de l’opinion. Et, elle s’est laissée emporter par les échanges
houleux sur la séparation de la politique et de la religion, tel un bateau ivre.
Il y a un an, Béji Caïd Essebsi avait émis son fameux appel pour appeler à une
feuille de route et pour baliser la transition en suggérant un planning
opérationnel. Il avait reçu un écho hostile. L’ennui est que
BCE n’a pas baissé
les bras et a fourbi ses armes en créant un parti et une profession de foi:
bâtir l’Etat démocratique. Son effort a porté, un front a pris la vague de cette
dynamique d’agglomération autour d’un projet politique fédérateur à l’extrême.
Ils ne sont que trois aujourd’hui, demain ils seront cinq et fatalement ils
attireront le front populaire. Ce sera une sorte de holding politique car chaque
formation conserve sa sensibilité mais s’emploie à conforter le dénominateur
commun de l’Etat national. Cette alliance politique et électorale remet la balle
au centre et la Tunisie au cœur et c’est maintenant que la partie commence.
On refait le match
Les détracteurs de BCE ont cherché à l’enfermer dans une logique paralysante.
Ils ont traité Nidaa Tounes d’officine à recycler les
RCDistes. L’étiquette de
contrerévolutionnaire est assassine. BCE retourne la situation en sa faveur en
invoquant l’échec de la Troïka à gérer les affaires du pays, mettant son avenir
en péril. Le stratagème qui consistait à user Nidaa Tounes dans une guerre de
position est tombé à l’eau. Le parti n’y a pas succombé puisqu’en appelant à
sauver la Tunisie, il a reçu le renfort des forces démocratiques. Elles finiront
toutes par venir. Ce mot d’ordre réunira tout le spectre politique de la gauche
à la droite. Il isolera de ce fait le courant qui veut rattacher la Tunisie à la
dynamique de l’internationale islamiste.
Finalement, on se trouve dans un clivage décisif qui se ramène à une alternative
claire: pour ou contre la Tunisie. BCE a admis que cette coalition est politique
et électorale. Mais ce qui déclenche la fureur de ses détracteurs est que cette
coalition n’est pas à retardement. Elle ne constitue pas qu’un danger pour cette
date encore improbable du prochain scrutin. Elle est à effet immédiat. Parce
qu’en étant ce qu’elle est, elle va surtout focaliser sur la rédaction de la
Constitution là où se joue l’avenir du pays. Elle va pouvoir intervenir à l’ANC
en remettant les points sur les i.
Elle se met donc en situation de trancher les débats sur les libertés et sur la
nature du régime politique. Le crédo de cette Troïka nationaliste lui donne une
force de persuasion telle qu’on peut imaginer qu’elle va faire revenir le peuple
dans la partie. On peut refaire le match car le peuple fera entendre sa voix
pour que la Constitution soit rédigée conformément aux objectifs de la
révolution. Que demande le peuple?