Une table ronde organisée par un think tank maghrébin naissant : le «Maghreb Economic Forum» et qui s’attaque directement à une problématique de taille dans la région, en l’occurrence l’emploi, ce sont là les prémices d’une nouvelle dynamique suscitée par l’atmosphère de liberté qui semble régner dans la région nord-africaine depuis que les vents du prétendu printemps arabe y ont soufflé.
Kamel Lazaar, président du Maghreb Economic Forum est un Tunisien qui n’a pas voulu se croiser les bras comme un spectateur mais a préféré être un acteur dans le devenir non seulement de la Tunisie mais de la région tout entière: «Le Maghreb, c’est 90 millions d’habitants et des ressources inestimables, il est temps qu’il évolue autrement», a-t-il déclaré lors d’une conférence de presse organisée vendredi 1er février en marge de la table ronde.
Ce think tank, lancé en partenariat avec des figures maghrébines, sera représentatif des cinq pays et se positionnera apolitique: «Nous n’avons pas de prétentions politiques, nous tenons à susciter la réflexion et encourager les études se rapportant aux grandes problématiques de nos pays et aux préoccupations de nos populations. Aussi bien hommes d’affaires, associations, centres d’études que think tank se pencheront sur l’examen mais également sur la faisabilité des projets et des initiatives discutées lors de nos débats».
Le think tank maghrébin ne se ralliera à aucun autre hors Maghreb: «Nous avons besoin de nous retrouver entre nous, de nous organiser et nous structurer avant d’envisager des partenariats approfondis avec nos vis-à -vis étrangers».
La table ronde, qui a tourné autour de thèmes tels les enjeux et les obstacles de l’intégration maghrébine, l’intégration comme vecteur d’attractivité des IDE dans le Maghreb ou encore l’emploi et les flux migratoires, a suscité un engouement rassurant chez nombre d’experts, opérateurs privés et autres représentants de la société civile.
Pour présider les ateliers, des personnalités des mondes des affaires, de l’économie et des organisations internationales ont assuré l’animation des débats dans lesquels ont été soulevés, entre autres, des problématiques importantes telles celles se rapportant aux énergies renouvelables ou encore au secteur agricole. «Savez-vous que l’huile d’olive dont la Tunisie figure parmi les plus grands producteurs mondiaux est un produit aujourd’hui en perte de vitesse en Europe. L’huile d’olive tunisienne, coupée par celle produite dans des pays comme l’Espagne ou l’Italie et labellisée sous leurs marques (vendue 4$ dans les pays producteurs et 40$ aux USA), n’est plus aussi porteuse qu’auparavant et ces pays sont en train de se retirer progressivement du marché?», a expliqué Kamel Lazaar.
Il a rappelé qu’il y a deux années, la création d’un think tank était inconcevable en Tunisie, elle l’est d’ailleurs toujours autant au vu de l’absence d’un cadre juridique approprié à pareille organisation. Aujourd’hui, c’est toujours le cas et c’est d’ailleurs pour cette raison que le think tank a été fondé à l’étranger et en Tunisie et aura des représentations en Tunisie, Algérie, Maroc, Libye et Mauritanie en attendant que la législation permette la mise en place des fondations et centres de réflexion stratégique.