éon, devant leur usine, protestent contre le plan de suppression de postes, le 5 février 2013 (Photo : Charly Triballeau) |
[05/02/2013 17:38:01] PARIS (AFP) Les deux constructeurs automobiles français étaient mardi dans la dernière ligne droite de leurs négociations qui sont encore loin de fédérer l’ensemble des salariés, l’usine d’Aulnay s’enlisant dans la grève et les “journées usines mortes” se multipliant chez Renault.
A Douai, au Mans ou à Sandouville (Seine-Maritime), les appels à des arrêts de travail (lancés au cas par cas par la CGT, Sud ou FO) ont été suivis, mais avec “un impact limité” sur la production, assure la direction. Les ingénieurs de Lardy étaient également mobilisés, car sur les 8.260 suppressions de postes prévues d’ici à 2016, 2.000 concernent l’ingénierie. A Cléon, près de Rouen, les syndicats CGT et SUD ont organisé une “opération usine morte”.
Si l’accord en négociation, de compétitivité, “est signé, c’est la fermeture annoncée des usines”, a prévenu Ali Kaya, délégué CGT de l’usine de Flins (Yvelines).
La CGT dénonce un “chantage” de la direction et une vision court-termiste qui ne fera “qu’affaiblir encore le groupe” et dégrader les conditions de travail.
Jusqu’à présent, Renault a posé comme préalable à l’attribution de volumes supplémentaires de production et au maintien en activité des sites français, l’allongement du temps de travail, le gel des salaires et des mobilités obligatoires entre sites. L’état du marché est un argument de taille pour Renault: après un plongeon de près de 14% en 2012, les immatriculations de véhicules neufs ont reculé de 15% en janvier.
évrier 2013 (Photo : Jean Francois Monier) |
Pour être validé, l’accord de compétitivité doit recueillir 30% de voix des syndicats représentatifs. Mais le projet comprenant une remise en cause d’un accord de 1999 sur la réduction du temps de travail, il faut aussi, si cette clause est maintenue, que les signataires de l’époque (CFE-CGC, FO et CFDT) approuvent les modifications proposées aujourd’hui par la direction.
“Négociation de la honte”
PSA Peugeot Citroën négocie, lui, depuis l’automne l’accompagnement du plan social qui prévoit 8.000 suppressions de postes et la fermeture en 2014 de son usine d’Aulnay, toujours bloquée mardi par une grève, à l’appel de la CGT.
Plusieurs centaines de personnes se sont rassemblées devant les grilles de l’usine, où l’ambiance est tendue, pour soutenir quatre ouvriers menacés de licenciement. Ils sont soupçonnés d’avoir participé à l’agression d’un huissier qui venait constater, à la demande de la direction, des dégradations dans l’usine le 18 janvier. Lors du rassemblement, Jean-Pierre Mercier, délégué CGT a par ailleurs demandé “de reprendre à zéro les négociations” car “pour le moment, c’est une négociation de la honte”.
ën de Mulhouse, le 27 octobre 2011 (Photo : Sebastien Bozon) |
Aide à la création d’entreprise, indemnités de départ volontaire, durée et prise en charge du coût de la formation: ces thèmes ont une nouvelle fois été balayés mardi avec les syndicats, particulièrement attentifs au traitement des salariés de Rennes (1.400 suppressions de postes prévus) et Aulany (3.000). Pour ces deux sites, un plan de sauvegarde de l’emploi est prévu. Denis Martin, directeur industriel, a assuré que PSA disposait de plus de 3.500 possibilités d’emploi, dont 1.300 en mobilité interne principalement sur le site de Poissy” (Yvelines).
Mais la CGT questionne “la qualité et la pérennité” de ces emplois, souvent “payés au SMIC”. “Même si la grève a fait avancé certains points, on encore loin du compte et loin des revendications des salariés (un CDI contre un CDI et une pré-retraite), résume Bruno Lemerle (CGT) qui regrette que “le redimensionnement de la restructuration n’ait pas été abordé.
“Un nouveau texte doit nous être présenté, et on espère que lors de la dernière réunion le 12 février on pourra encore gratter des choses. Ensuite, nous attendrons de voir si les salariés estiment que c’est suffisant”, a indiqué Franck Don (CFTC).
La “note” attribuée par FO est “plutôt positive” même si la durée du congé de reconversion ou du dispositif senior méritent encore des améliorations, juge Christian Lafaye.
La direction dit souhaiter “un dialogue social constructif” et “rechercher activement la signature d’un accord”, qui, d’un point purement juridique n’est pas indispensable. Le projet d’accord sera néanmoins soumis au vote en CCE.