L’assassinat de Me Chokri Belaïd, secrétaire général du Parti unifié des patriotes démocrates et porte-parole du Front populaire, nous laisse tous aujourd’hui sous le choc! Le défunt avait lui-même mis en garde tout le pays pas plus loin que mardi soir (5 février) sur Nessma TV à la faveur de ce que lui et son parti ont eu à subir comme attaque violente au Kef par des gens qu’il a identifiés comme des salafistes, des nahdhaouis et des membres des LPR (Ligues de protection de la révolution)!
L’assassinat de Me Chokri Belaïd met d’abord le gouvernement devant ses responsabilité et le pousse obligatoirement à se défaire de son laxisme -qui a trop duré- contre les assassins et les fauteurs de troubles qui n’ont pas été poursuivis par la justice et par la police tout en étant notoirement connus et archi-connus de tous (en vidéo, en photo et en texte de haine et d’assassinat publiés à longueur des journées sur les réseaux sociaux!).
Le procureur de la République, qui a trop attendu les ordres de B’hiri, ne doit plus tergiverser devant tout acte de violence…
La mort de Chokri Belaïd accuse, d’autre part, le parti Ennahdha pour qu’il réfléchisse sur ce qu’il a fait dans ce pays depuis un an et pour ce que son discours et ses positions ambiguës et ont suscité de violence et de haine chez les salafistes et chez beaucoup d’autres malfrats qui ont longuement trempé dans les bassesses du régime de Ben Ali et qui se retrouvent aujourd’hui dans ces fameuses LPR que le parti de Rached Ghannouchi défend bec et ongles !
La disparition douloureuse de Belaïd s’adresse également à l’opposition, particulièrement au Front populaire et ses composantes et plus largement à tous les démocrates. Il ne fait aucun doute que le parti de la haine et de la violence veut conduire le pays à la guerre civile pour arracher le pouvoir et ériger l’émirat islamique dont ils rêvent.
La ligne de défense des démocrates de ce pays contre le wahhabisme rampant et les tenants de l’Etat islamique a jusqu’ici freiné leurs attaques. Chokri Belaïd était l’un des grands symboles de cette lutte de la société et il a été assassiné pour ces positions courageuses et pour son discours cohérent et sans aucune concession.
Le moindre hommage à ce grand patriote est de continuer sur cette route et de bien faire attention de ne pas se laisser aller à la grande discorde que les assassins ont cherchée. Même si beaucoup sont convaincus de la responsabilité première ou seconde d’Ennahdha, l’attaquer aujourd’hui n’est pas la solution mais plutôt le but recherché par les assassins. Le déclenchement de la violence est facile, son arrêt l’est beaucoup moins !
Le plus grand hommage que nous pouvons rendre à Chokri Belaïd et à son combat patriotique serait de faire en sorte que la Tunisie soit immunisée contre les fanatiques qui ont infecté notre pays depuis un an et depuis que ce gouvernement n’a pas voulu entendre les cris d’alarme lancés par le défunt, par les démocrates, et par les amis de la Tunisie partout dans le monde.
Il faut maintenant obliger les tenants de la soi-disant légitimité politique à s’engager dans une démarche patriotique et consensuelle pour sortir le pays de l’impasse terroriste où les assassins et leurs commanditaires veulent nous précipiter.