à Londres (Photo : Warren Allott) |
[07/02/2013 07:07:48] LONDRES (AFP) Après Barclays et UBS, la banque britannique Royal Bank of Scotland a à son tour été condamnée à une lourde amende, de plus de 600 millions de dollars, par les autorités britanniques et américaines pour avoir manipulé le taux interbancaire Libor, central dans le monde de la finance.
RBS a précisé qu’elle allait payer 87,5 millions de livres (soit environ 137 millions de dollars) au régulateur britannique des marchés financiers (FSA), 325 millions de dollars à l’homologue américain de ce dernier (CFTC), et 150 millions au Département américain de la justice, soit un total d’environ 612 millions de dollars (450 millions d’euros, 390 millions de livres), en vue de “mettre fin aux enquêtes”.
Les manipulations du Libor, principalement en yens et en francs suisses, sont le fait de 21 salariés de RBS, qui ont tous quitté le groupe ou ont été soumis à des mesures disciplinaires, mais les enquêtes ont mis au jour l’existence de “graves manquements dans le système des contrôles et de gestion des risques”, indique RBS.
Sa filiale au Japon a plaidé coupable de fraude aux Etats-Unis.
L’Agence des services financiers du Japon a indiqué pour sa part que la Commission de surveillance des marchés enquêtait sur la branche nippone de RBS Securities depuis la mi-novembre, à propos de son éventuelle implication dans la manipulation du Libor.
Afin de tourner la page, le patron de la branche banque d’investissement de RBS, John Hourican, se retirera du groupe, même s’il n’est pas impliqué dans l’affaire.
“C’est un triste jour pour RBS, mais également un jour important pour continuer à corriger les erreurs du passé”, a déclaré Philip Hampton, le président de la banque détenue à plus de 80% par l’Etat britannique depuis son sauvetage pendant la crise de 2008.
Une grande partie de la somme à payer sera couverte par les 300 millions de livres récupérées par RBS en réduisant ou en supprimant les bonus de ses cadres après que le gouvernement avait fait pression en ce sens ces derniers temps.
“Ce qui s’est passé chez RBS et dans d’autres banques est totalement inacceptable. Le contribuable ne va pas payer la note. C’est un symbole de ce qui n’allait pas dans le système bancaire”, a réagi mercredi le ministre des Finances, George Osborne.
L’amende infligée à cette banque est supérieure à celle payée par sa compatriote Barclays, mais reste largement inférieure à celle de la suisse UBS.
Le scandale du Libor avait éclaté fin juin lorsque Barclays avait révélé qu’elle allait payer une amende de 290 millions de livres pour mettre fin aux enquêtes des régulateurs britannique et américain. Face à la vive polémique, son flamboyant directeur général, Bob Diamond, avait été poussé à la démission.
UBS a de son côté été condamnée fin décembre à une amende record d’un milliard et demi de dollars.
Et près de vingt autres grandes banques internationales sont dans la ligne de mire, notamment aux Etats-Unis, où une quinzaine d’établissements ont été assignés à comparaître devant la justice, dont JPMorgan, Citigroup, Barclays, UBS et Deutsche Bank.
En France, le Parquet de Paris a ouvert une enquête préliminaire après la plainte d’une actionnaire de la Société Générale.
Les banques pourraient également faire face à l’avenir aux plaintes de clients estimant avoir été lésés.
Le Libor, qui est fixé à Londres sur la base de taux communiqués par un panel de banques internationales, est l’un des taux auxquels les banques se prêtent de l’argent entre elles.
Central dans la finance, de lui dépendent plus de 300.000 milliards de dollars de produits financiers et il a une incidence sur les prêts aux ménages et aux entreprises.
Mais les enquêtes ont montré comment les traders au sein des banques manipulaient les taux communiqués au panel afin d’en tirer des bénéfices sur leurs positions ou de faire apparaître leur banque plus solide.
Dénonçant en septembre un “système cassé”, l’autorité britannique des marchés financiers a prôné un “complet remaniement” de la fixation du taux qui ne sera plus du ressort de l’Association des banquiers britanniques (BBA), afin d’éviter ces dérives.