Semi-conducteurs : Fujitsu restructure, preuve du malaise du secteur au Japon

photo_1360233278035-1-1.jpg
ésident de Fujitsu, Masami Yamamoto, lors de la présentation des résultats annuels de son groupe, le 7 février 2013 à Tokyo (Photo : Rie Ishii)

[07/02/2013 10:36:43] TOKYO (AFP) Champion des super-ordinateurs prêt à investir à tout va dans la prometteuse “informatique en nuage”, le japonais Fujitsu est contraint à des choix. Il a fait part jeudi d’une vaste réorganisation de ses activités de semi-conducteurs, preuve supplémentaire de la perte de puissance des industriels nippons dans ce secteur qu’ils dominaient.

Fujitsu a annoncé jeudi avoir signé une lettre d’intention avec son compatriote Panasonic en vue de fusionner leurs activités de développement de circuits intégrés à grande échelle (LSI).

Les deux groupes veulent constituer une nouvelle société qui ne produirait pas ces puces électroniques polyvalentes mais s’occuperait de la seule conception, le tout en recevant l’aide financière de la Banque de Développement du Japon pour disposer de capacités d’investissement plus importantes.

Plusieurs mesures sont de même en cours d’examen pour d’autres activités et sites de production de composants de différentes natures.

Sans gros moyens, pas de puces sur mesure compétitives, sans partenaire, pas de fonds suffisants, a conclu Fujitsu. Même raisonnement, même déduction pour Panasonic, à un moment où l’industrie japonaise des semi-conducteurs se débat contre de puissants rivaux sud-coréens ou autres.

“Ces dernières années, les conditions du marché se sont rapidement détériorées et les concurrents ont augmenté”, ont confirmé Fujitsu et Panasonic.

“A l’aune de cette nouvelle situation, les deux entreprises ont jugé nécessaire de regrouper leurs forces” au sein d’une “entreprise sans usine”.

La fabrication sera déléguée à des tiers dont c’est la spécialité.

Fujitsu étudie de fait la cession au moins partielle à un groupe taiwanais, Taïwan Semiconductor Manufacturing Company (TSMC), d’une usine de galettes de semi-conducteurs dans le centre du Japon, après avoir transféré deux autres sites à des sociétés nippones.

Avant eux, les américains AMD ou Qualcomm avaient opté pour une stratégie similaire: se concentrer sur la conception, confier à d’autres la production.

Ce changement structurel pour Fujitsu se traduira aussi par des coupes dans les effectifs: des négociations sont prévues avec les syndicats sur la suppression de 5.000 postes dans le monde ainsi que sur le transfert de 4.500 autres salariés.

photo_1360222346095-1-1.jpg
étanche est plongée dans un aquarium au Mobile World congress de Barcelone, le 28 février 2012 (Photo : Josep Lago)

Cette nouvelle phase de consolidation intervient alors que les entreprises nippones d’électronique traversent une période extrêmement difficile, marquée par une ascension exécrable de la monnaie japonaise jusqu’à fin 2012, un ralentissement économique international, une concurrence effrénée, le tout après les désastres qui ont perturbé leurs activités au Japon et en Thaïlande en 2011.

Dans ce contexte, ils sont contraints de revoir leur organisation et de faire du tri dans leurs activités afin de recouvrer une rentabilité régulière, après des pertes astronomiques.

L’opération de fusion des activités LSI de Fujitsu et Panasonic était à l’étude depuis plus d’un an, impliquant alors aussi le groupe Renesas Electronics.

Le schéma tripartite a cependant été remis en cause par la restructuration menée séparément par le troisième protagoniste qui était au bord du gouffre et a été secouru fin 2012 par une structure semi-étatique.

Renesas Electronics est en effet considéré comme un rouage essentiel dans l’industrie électronique nippone et un symbole que ses compatriotes et l’Etat nippon ne veulent pas laisser mourir, ni partir aux mains d’un groupe étranger.

Autre cas récent, celui d’Elpida, le dernier fabricant de mémoire DRAM nippon. Très mal en point, il est tombé en faillite il y a un peu moins d’un an et est actuellement en phase de redressement judiciaire.

Panasonic, qui a procédé à une ample réorganisation structurelle, a enregistré un déficit net de 772 milliards de yens (7,5 milliards d’euros) l’an passé et s’attend à un solde débiteur d’autant cette année, uniquement du fait des charges exceptionnelles de restructuration.

Fujitsu avertit pour sa part qu’il devrait essuyer une lourde perte nette de 95 milliards de yens pour l’exercice en cours, alors qu’il escomptait un bénéfice net de 25 milliards.