Assassinat de Chokri Belaid : Les réactions à l’étranger

Par : Autres


chokri-08022013123.jpgEn
France comme dans plusieurs pays à travers le monde, des personnalités
politiques journalistes se sont exprimées. Pour l’heure, nous en avons choisi
deux, en l’occurrence Manuel Valls, ministre français de l’Intérieur, et Pierre
Beylau, journaliste français.

Manuel Valls: La France doit “soutenir les démocrates” en Tunisie pour que les
“valeurs de la révolution du Jasmin ne soient pas trahies“. “Chokri Belaïd était
l’un de ces démocrates qui se battent pour des valeurs qui sont universelles.

“Il y a un fascisme islamique qui monte un peu partout et cet obscurantisme
(…) doit être évidemment condamné (…), puisqu’on nie cet État de droit,
cette démocratie pour lesquels les peuples libyen, tunisien, égyptien se sont
battus”, a-t-il mis en garde. Manuel Valls a également assuré que “la France ne
coopérera jamais quand il s’agit de réprimer un peuple”.

Cependant, il “garde espoir dans le rendez-vous électoral pour que les forces
démocratiques et laïques, celles qui portent les valeurs de cette révolution du
Jasmin, demain l’emportent”. “C’est un enjeu considérable (…), pas uniquement
pour les Tunisiens, mais pour tout l’espace méditerranéen, et donc aussi pour la
France”.

Source :
lepoint.fr

Pour Pierre Beylau, l’assassinat de l’opposant
Chokri Belaïd illustre le chaos
dans lequel est plongée la Tunisie sous la férule des islamistes. Il explique
l’histoire des révolutions: «C’est une fatalité de l’histoire : les révolutions
commencent dans un enthousiasme convivial et se terminent en sanglante tragédie.
Après une phase consensuelle, les éléments les plus radicaux finissent par
imposer leur loi d’airain par la terreur. En France, les Montagnards écrasent
les Girondins; en Russie, les bolcheviks éliminent les mencheviks; en Iran, les
partisans de Khomeiny ne font qu’une bouchée de la gauche démocrate.

Quid de la Tunisie

«La Tunisie semble happée par cet infernal processus. Car l’assassinat, mercredi
6 février, de l’opposant Chokri Belaïd n’est pas un drame isolé. Le printemps de
Jasmin est en train de se muer en interminable hiver. Le pays est en proie au
chaos, livré à la violence des séides du parti islamiste Ennahdha qui, de facto,
dirige le pays.

Le Premier ministre Hamadi Jebali, membre d’Ennahdha, passe pour relativement
modéré. Le président de la République, Moncef Marzouki, est un vrai démocrate.
Problème: la réalité du pouvoir est détenue par les islamistes, qui contrôlent
tous les ministères régaliens. Avec dans la coulisse l’ombre omniprésente de
Rached Ghannouchi, le chef réel d’Ennahdha qui tire les ficelles derrière le
paravent….

Au risque de se voir clouer au pilori, d’être submergé par une avalanche
d’indignation moralisatrice, osons proférer une évidence: la situation du pays
est bien pire que sous Ben Ali. Il ne s’agit pas ici de défendre la kleptocratie
instaurée par l’ancien dictateur, mais de prendre en compte la réalité telle
qu’elle est.

La Tunisie, pays ouvert aux portes de l’Europe, était censée montrer le chemin
vers un printemps arabe, vers une démocratie nimbée de valeurs islamiques.
L’islamisme des Frères musulmans était, pensait-on, soluble dans la démocratie.
Le “modèle turc” servait de viatique. Problème: du Caire à Tunis, ce sont les
phalanges de l’ordre noir, les islamistes les plus bornés, qui tiennent le haut
du pavé. Sans parler de la Turquie d’Erdogan qui a enclenché une marche arrière
inquiétante sur le plan des libertés et de la laïcité.

L’histoire n’est pas encore écrite, mais en Tunisie, la nuit est, ces temps-ci,
bien noire».

Source :
lepoint.fr