Réforme bancaire : la députée PS Karine Berger balaie les critiques

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à Toulouse (Photo : Lionel Bonaventure)

[10/02/2013 10:16:15] PARIS (AFP) La députée socialiste Karine Berger, rapporteur du projet de loi sur la réforme bancaire promise par François Hollande, balaie les critiques sur le manque d’ambition du texte et n’exclut pas un renforcement de la séparations des activités: “S’il faut filialiser plus d’activités, on pourra le faire”.

Q: Des voix s’élèvent depuis plusieurs jours, y compris au sein de la majorité, pour dénoncer un manque d’ambition du projet de loi. Comprenez-vous ces critiques et quels sont les points du texte à améliorer lors du débat parlementaire ?

R: Les critiques sont injustifiées. Le sujet, c’est de savoir si on a les moyens de protéger les dépôts des épargnants et de lutter contre la prise en otage de l’argent public mais aussi contre les risques systémiques. La loi prévoit un outil qu’on pourra adapter au fur et à mesure. La loi, et c’est une première au monde, crée un outil, une paire de ciseaux, qui intervient dans la structure des banques pour limiter le risque systémique qu’on a vu en 2008. S’il faut filialiser plus d’activités que ce qui est prévu aujourd’hui, on pourra le faire.

Lors du débat parlementaire, on fera en sorte que le texte soit encore plus explicite. On a notamment une évolution sur la présence des établissements français dans les paradis fiscaux, dans le sens de la transparence. On veut savoir où nos banques opèrent et quelles sont leurs activités un peu partout dans le monde. On va aussi essayer de renforcer la protection des consommateurs sur les commissions bancaires.

Q: Les banques s’inquiètent d’un durcissement du texte lors de son examen au Parlement et mettent en avant le risque de rendre plus difficile le financement de l’économie réelle…

R: Nous sommes responsables et nous savons qu’il faut protéger la compétitivité de notre système bancaire. Notre objectif, c’est bien évidemment que l’économie française soit la mieux financée possible et que les banques françaises se portent bien. On veut les protéger d’elles-mêmes, on veut les protéger de risques trop importants qu’elles prendraient et qui pourraient les affaiblir. C’est donc cet arbitrage-là, entre la compétitivité de notre système de financement et la limitation des risques, qui est de notre responsabilité et que nous sommes en train d’affiner avec le gouvernement.

Q: La France va devenir le premier pays en Europe à adopter une telle réforme bancaire. N’aurait-il pas été préférable d’attendre que la Commission européenne propose un texte inspiré du rapport Liikanen ?

R: La loi française est parfaitement cohérente avec le rapport Liikanen. En tant que rapporteur, j’ai veillé à ce que les deux textes s’imbriquent parfaitement. Il est vrai que la France est la première à bouger, c’est aussi d’une certaine façon pour aider l’Europe. Nous avons un rapport Liikanen mais nous n’avons pas encore de texte. Les directives, si elles sont un jour appliquées au niveau européen, ça ne peut intervenir que vers 2015 au mieux. Nous ne sommes pas les seuls à montrer la voie: l’Allemagne est sur le point de faire des choses très similaires à la France.

Propos recueillis par Mehdi CHERIFIA