Le premier choc est celui de la liquidation de Chokri Belaid. Le second est celui de ce peuple tunisien qui s’est levé comme un seul homme pour l’accompagner à sa dernière demeure : 1,400 million de Tunisiens étaient dans la rue pour scander leur colère et le rejet de la violence et d’un modèle venu d’ailleurs qu’on voulait leur imposer par l’arrogance et la haine.
Le choc a été frontal. Il opposait une façon d’être tunisienne -pacifique, déterminée, généreuse, respectueuse et ouverte- à une autre -imaginée par des extrémistes employant à coups de dinars et de mercenaires pour semer le chaos.
Ennahdha a échoué. La Troïka a échoué. L’opposition a échoué. Ce sont les Tunisiens qui ont gagné. Ils étaient composés des voilées et non voilées, pauvres et riches, intellectuels et modestes gens, laïcs et conservateurs, hommes et femmes, jeunes et vieux… Tous dans la rue pour scander la vie.
Qui est responsable de la situation actuelle? Par son incapacité à gérer un Etat, le gouvernement. Par son incapacité à finir une constitution, l’ANC. Par son incapacité à protéger l’unicité des Tunisiens, la présidence de la République. Par son incapacité à savoir écouter et évoluer, l’opposition.
Tous sont refroidis et ridiculisés par la réaction du peuple. Basma Belaid, veuve de Chokri Belaid, en est la plus belle des preuves. Elle appelle dans sa douleur immense au pacifisme, à l’unicité, à la protection de la cohésion nationale. Larmes aux yeux et digne, elle lève un poing et s’adresse à tous les Tunisiens: «Mahlekom!».
Le message est porté par une femme, une mère, la digne épouse d’un lion, une avocate, une femme engagée, une fille du peuple… Désarçonné, Ennahdha reçoit la plus belle des leçons pour son arrogance. Eux qui se targuaient d’être la voix et la conscience du peuple sont dans la débâcle. Par sa voix, Basma Belaid, elle, donne la plus belle des gifles à une opposition qui, dans ses divisions, n’a pas su forger le discours et l’action dont avait besoin le peuple.
Par son courage, cette femme redonne l’espoir au «vivre ensemble» qui est fortement menacé, car on ne sème que la haine et le chaos. Il aura fallu un enterrement pour faire renaître l’espoir. Ce douloureux virage dans la vie des Tunisiens a redonné espoir à toutes les forces vives du pays qui ont laissé le terrain aux plus bruyants et violents.
L’espoir est aujourd’hui dans le repositionnement du chef du gouvernement en même temps secrétaire général d’Ennahdha, Hamadi Jebali, et de sa proposition de constituer un gouvernement indépendant avec une mise en place des instances nécessaires pour sortir de l’impasse.
Cet espoir vient d’une opposition qui mûrit et saura démontrer sans excès de rejet de la légitimité des suffrages que l’heure est grave et qu’il s’agit de sauver le pays.
Cet espoir vient aussi de ceux qui sont restés en marge afin de faire réussir cette transition.
L’heure n’est plus aux calculs. Désormais, toute la classe politique tunisienne avance à visage découvert. Seuls les démocrates resteront dans l’arène. Seuls les vrais patriotes seront reconnus des Tunisiens. Le patriotisme désigne le dévouement d’un individu envers son pays qu’il reconnaît comme étant sa patrie. Un jour Abou El Kaceb Echebbi a dit : ??? ????? ???? ???? ?????? ??? ??? ?? ?????? ?????. Cela n’a jamais été aussi vrai !.