Banques françaises : une ONG dénonce la spéculation sur les matières premières

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é dans le sud de la France avant la moisson (Photo : Jean Pierre Muller)

[11/02/2013 17:47:29] PARIS (AFP) L’ONG Oxfam France dénonce la spéculation menée par quatre banques françaises sur le marché des matières premières agricoles par le biais de fonds de placement, dans un rapport à paraître mardi pour le début de l’examen du projet de réforme bancaire.

Au terme de recherches effectuées pour son compte par le cabinet néerlandais indépendant Profundo, Oxfam a déterminé que des banques françaises contrôlent 18 fonds dont les performances sont totalement ou partiellement liées à l’évolution du prix des matières premières agricoles.

Sont visées BNP Paribas (10 fonds), Société Générale et Crédit Agricole par le biais de leur filiale commune Amundi (7 fonds), ainsi que Natixis (1), filiale du groupe BPCE. Au total, ces fonds gèrent, selon l’étude, 2,58 milliards d’euros.

Interrogé par l’AFP, BNP Paribas fait valoir qu’il n’est pas un acteur majeur de ce marché et assure qu’il ne spécule pas sur les matières premières agricoles. Il rappelle que rien de ces activités n’est caché et que tous les fonds commercialisés ont été agréés par les autorités de marché.

La banque annonce également qu’elle va suspendre “dès que possible” la souscription au seul de ses fonds entièrement investi dans l’agriculture, le BNP Paribas Agriculture Fund.

Selon l’étude, le fonds le plus important d’une banque française est géré par une filiale américaine de Natixis, AlphaSimplex Group. Il s’agit de l’ASG Managed Futures Strategy Fund, avec 619 millions d’euros d’encours. Il n’est commercialisé qu’aux Etats-Unis.

Oxfam France souligne que ces fonds ne sont pas concernés, en l’état, par le projet de réforme bancaire dont l’examen doit débuter mardi à l’Assemblée.

Dans le texte présenté par le gouvernement, les banques ne se verraient interdire la spéculation sur les produits financiers dérivés de matières premières agricoles que pour leur propre compte. Les produits proposés aux clients, comme les fonds visés par l’étude, échapperaient donc au champ de l’interdiction.

De ce fait, l’ONG estime que les mesures proposées par le gouvernement en la matière “semblent essentiellement symboliques”.