Le sort des spiritueux Belvédère suspendu au vote des actionnaires

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édère (Photo : Christopher Polk)

[12/02/2013 08:58:17] PARIS (AFP) Les dirigeants des spiritueux Belvédère ont sorti leur atout star avec Bruce Willis pour convaincre les actionnaires de voter mardi “pour” un plan de restructuration qui va réduire à peau de chagrin leur capital, mais qui pourrait éviter une liquidation judiciaire.

La direction de Belvédère, plombé par une dette d’environ 700 millions d’euros, a besoin que les actionnaires valident son plan visant à transformer une partie de ce fardeau en actions, réduisant mécaniquement la part des actionnaires en place.

Le PDG Christophe Trylinski et l’administrateur judiciaire, Maître Frédéric Abitbol, se sont fendus mi-janvier de deux lettres à chaque actionnaire. “L’adoption de ce plan permettra à la société d’assainir son bilan et de repartir sur les bases d’une société très largement désendettée”, écrivait le PDG.

Bruce Willis, premier actionnaire individuel du groupe, a apporté un soutien clair au plan de la direction, affirmant lundi sur France Info qu’il ne voyait “pas de raison de mettre la clé sous la porte d’une entreprise qui continue de bien faire son travail”.

“Je soutiens le plan de restructuration. Que ce soit en tant qu’actionnaire ou que créancier d’ailleurs”, avait-il déjà déclaré la semaine dernière au Figaro, estimant qu’une liquidation “mettrait trop d’emplois en danger”.

Environ 3.650 emplois seraient menacés, dont 750 en France en cas de fermeture. Après quatre ans de guerre ouverte avec ses créanciers, les outils de production du groupe sont “dans un état critique même si les marques ont des part de marchés intéressantes”, selon un expert.

La star de “Die Hard”, qui détient environ 3% du capital en échange de son rôle d’ambassadeur de la vodka Sobieski, se trouvait lundi à Paris pour y présenter le cinquième opus de la série et être élevé au rang de commandeur dans l’ordre des Arts et Lettres par la ministre de la Culture.

Mais il aurait donné une procuration pour son vote à l’AG de mardi.

L’inconnue Perrin

Le groupe a par ailleurs affiché un numéro vert sur la page d’accueil de son site internet à destination de ses petits porteurs (plus de 90% du capital). Car compte tenu de cet éparpillement, il doit les convaincre de venir à Paris pour assurer le quorum de voix (au moins 25% des actions) indispensable au vote.

Ces derniers doivent ensuite approuver un plan de restructuration qui induirait une forte dilution du capital – au risque de tout perdre dans le cas contraire.

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à Talloire pour une assemblée générale du groupe Belvédère dont il est actionnaire, le 25 juin 2010 (Photo : Jean-Pierre Clatot)

“Il est proposé aux actionnaires de garder 13% du capital, après conversion de la dette FRN (des créanciers majoritaires, ndlr) en actions, représentant 87% du capital”, a expliqué à l’AFP Me Abitbol, les créanciers ayant accepté en septembre dernier d’obtenir des actions pour solder leurs créances.

“Cela donnerait un nouveau départ pour le groupe” qui n’aurait plus que 135 millions de dette consolidée, au lieu des 672 millions aujourd’hui, a-t-il insisté. “S’ils votent contre, le groupe sera vraisemblablement placé en liquidation judiciaire et il ne restera alors probablement plus rien aux actionnaires”.

La grande inconnue, confiait lundi un proche du dossier, sera le rôle d’Alain Dominique Perrin: l’ancien PDG de Cartier a démissionné le 1er février du conseil d’administration de Belvédère mais détient toujours 1,4% des actions.

“Les camps du +pour+ et du +contre+ étant extrêmement serrés, il se retrouve potentiellement en rôle d’arbitre”, a assuré cette source.

Lundi, la représentation de 44% du capital était assurée à l’AG qui se tiendra à huis clos en soirée au Forum des images.

Nicolas Miguet, président de l’Association pour la représentation des actionnaires révoltés pourrait jouer les agitateurs. Il invite sur son site les actionnaires à lui donner leurs pouvoirs afin de faire en sorte “qu’il n’y ait pas d’augmentation de capital au fil de l’eau ou de dilution forcée par conversion de dette à tarif bradé”.