L’autorité russe de l’aviation immobilise des Soukhoï Superjet d’Aeroflot

photo_1360655427757-1-1.jpg
Hyderabad en Inde, le 14 mars 2010 (Photo : Noah Seelam)

[12/02/2013 10:58:06] MOSCOU (AFP) L’autorité russe du transport aérien a ordonné l’immobilisation de quatre des dix Soukhoï Superjet 100 d’Aeroflot en raison de problèmes techniques, une décision témoignant de débuts difficiles pour cet appareil présenté comme l’espoir de l’aéronautique civile russe.

Rossaviatsia a envoyé une lettre lundi à Aeroflot, la première compagnie aérienne russe, l’informant de la suspension de l’autorisation d’exploitation de quatre de ces avions, a révélé mardi le quotidien Vedomosti, citant deux sources proches de l’agence fédérale.

Le constructeur russe de l’appareil, Soukhoï Aviation civile, qui assemble l’avion avec plusieurs partenaires occidentaux, a confirmé dans un communiqué que quatre appareils d’Aeroflot étaient cloués au sol pour des réparations, mais assuré qu’ils reprendraient les vols d’ici la fin du mois au plus tard.

La compagnie russe est le premier exploitant de cet appareil biréacteur de liaisons régionales d’une centaine de places.

Le constructeur a rappelé que plusieurs incidents avaient été recensés depuis la mise en exploitation de l’avion en avril 2011, concernant notamment le train d’atterrissage, les becs de bord d’attaque (volets situés à l’avant des ailes) et le système de détection de fuites.

“On trouve des défauts sur tout avion lors des deux premières années d’exploitation commerciale”, a toutefois tempéré le groupe, une coentreprise détenue à 75% par le concepteur de l’avion de chasse Soukhoï et à 25% par l’italien Alenia Aeronautica.

Une source citée par Vedomosti a cependant souligné que sur les 10 avions d’Aeroflot, seuls trois volaient régulièrement.

Le journal Kommersant avait révélé la semaine dernière que le Superjet 100 avait l’an dernier comptabilisé 40% des pannes répertoriées au sein de la flotte d’Aeroflot, alors que l’avion ne représente que 8% de la flotte de la compagnie.

Mikhaïl Ganeline, analyste chez Sberbank CIB, a souligné de son côté que le dernier-né de l’américain Boeing, le 787 Dreamliner, rencontrait le même type de problèmes et avait été immobilisé dans le monde entier après deux incidents sur des batteries en janvier.

Toutefois, avec l’avion de Soukhoï, les problèmes durent depuis un an déjà, concède l’analyste.

“Il est possible que Boeing et Airbus aient des procédures mieux établies pour détecter et remédier aux défauts”, alors que ce processus “s’est étendu dans le temps” dans le cas du Superjet, a-t-il déclaré à l’AFP.

“Cela ne veut pas dire que tout va mal pour le Superjet. Il vole, il y a des commandes. Cela n’influe pas pour l’instant sur son avenir”, a-t-il ajouté.

En mai 2012, le programme avait déjà connu un coup dur avec un crash lors d’un vol de démonstration en Indonésie, qui avait fait 45 morts.

L’enquête a conclu à une erreur de pilotage.

Selon Vedomosti, le portefeuille de commandes s’établit actuellement à 179 avions. Outre Aeroflot, la compagnie sibérienne Iakoutia et l’arménienne Armavia l’exploitent déjà. Plusieurs compagnies étrangères, dont la mexicaine Interjet, ont passé commande également.

Le Superjet, d’un prix catalogue d’environ 30 millions de dollars, a été conçu pour faire concurrence au brésilien Embraer et au canadien Bombardier sur le marché jugé prometteur des avions régionaux.

Plusieurs groupes occidentaux sont impliqués dans le programme, dont les français Snecma pour la partie moteurs et Thales pour l’avionique.

Pour la Russie, ce projet a une importance cruciale et doit permettre d’aider son industrie aéronautique, en crise depuis la chute de l’Union soviétique, à relever la tête.