La Commission européenne demande à ArcelorMittal de suspendre les fermetures de sites

photo_1360686215296-1-1.jpg
érence de presse, le 12 février 2013 à Bruxelles (Photo : John Thys)

[12/02/2013 16:23:58] BRUXELLES (AFP) Le commissaire européen à l’Industrie, Antonio Tajani, a annoncé mardi avoir demandé à ArcelorMittal de reporter sa décision de fermer des sites en Europe en attendant la présentation d’ici à l’été d’un plan d’action européen pour l’acier, mais le groupe a répondu par une fin de non-recevoir, ce que Paris a déploré.

“Je veux demander à ArcelorMittal de renvoyer la décision de fermer les usines au moins jusqu’à l’approbation du texte du plan d’action de la Commission européenne, parce que je suis convaincu que nous pouvons donner une réponse pour essayer de défendre l’industrie sidérurgique en Europe”, a déclaré M. Tajani en ouvrant mardi une réunion consacrée à ce plan acier, prévu “avant l’été”.

M. Tajani a envoyé une lettre en ce sens à ArcelorMittal, ce dont l’a félicité Arnaud Montebourg, ministre français du Redressement productif, qui participait à la réunion aux côtés de représentants de l’industrie de l’acier, des syndicats, du Parlement européen, et d’autres ministres européens, notamment le Luxembourgeois Etienne Schneider, et le ministre de l’Economie de Wallonie (sud de la Belgique) Jean-Claude Marcourt.

“Nous vous remercions chaleureusement, Monsieur le commissaire”, a déclaré M. Montebourg, qui a indiqué qu'”ArcelorMittal avait protesté en indiquant que ce n’était pas de l’ordre de la Commission européenne, ni des Etats membres d’intervenir ou d’interférer dans la libre entreprise”.

“Je suis désolé, ArcelorMittal profite des subsides publics en toutes circonstances, comme beaucoup des activités industrielles de l’acier, il est donc normal qu’un droit de regard s’exerce sur ces activités”, a ajouté M. Montebourg.

“Peut-être qu’ArcelorMittal ira outre, mais une chose est sûre, c’est que le politique européen, maintenant, s’affirme comme les Etats-nations s’affirment”, a-t-il dit.

“ArcelorMittal n’a pas répondu positivement”, a confirmé M. Marcourt.

Le groupe a expliqué, dans un communiqué publié après la réunion, qu’il lui était “impossible de retarder le déroulement de la phase d’information-consultation relative aux plans de restructuration présentés”.

“La situation économique en Europe est extrêmement fragile et cela a eu pour effet de considérablement diminuer la demande d’acier. Ne pas prendre de mesure pour répondre à cette situation ne ferait qu’affaiblir l’entreprise en Europe, menaçant ainsi la rentabilité d’autres sites”, poursuit le groupe, disant devoir “gérer l’entreprise dans l’intérêt des 98.000 personnes” qu’il emploie en Europe.

Les ministres français, luxembourgeois et wallon, dont les pays sont parmi les plus durement touchés par les fermetures de sites d’ArcelorMittal, avaient écrit à M. Tajani au lendemain de l’annonce par le géant de l’acier de la fermeture d’une partie de ses activités “à froid” à Liège (Belgique), qui devrait entraîner la perte de 1.300 emplois, alors que la “phase à chaud” est déjà fermée depuis 2011.

Dans leur lettre, ils demandaient à M. Tajani d’inviter Lakshmi Mittal à venir s’expliquer à Bruxelles. Mais celui-ci n’était pas présent mardi à la table ronde organisée par la Commission européenne pour préparer le plan acier de M. Tajani.

Le commissaire européen a souligné que l’acier était “un secteur crucial pour la croissance de l’Europe”, car “dans chaque secteur, on a besoin d’acier”. Il a rappelé également que le but de la Commission européenne était de faire en sorte que 20% du PIB de l’UE soit assuré par l’industrie en 2020, “avec une place très importante pour l’acier”.

M. Montebourg a défendu à l’occasion de cette réunion la mise en oeuvre d’une taxe carbone aux frontières de l’UE. “Nous lançons un appel à la Commission pour qu’elle applique ces mesures d’équité”, a-t-il dit, soulignant que l’Europe subit la concurrence “déloyale” de pays qui “pratiquent des droits de douane sur les importations d’acier sur leur territoire et n’ont pas de législation sur les émissions de CO2”.