ès (Photo : Eric Piermont) |
[12/02/2013 17:17:05] PARIS (AFP) Insensible à tout ralentissement de l’économie en Asie, la maison Hermès, l’un des emblèmes du chic français, a signé en 2012 un nouveau record de ventes, à 3,48 milliards d’euros, et a encore amélioré sa rentabilité, ce que nul n’attendait.
“On a eu une très bonne surprise, surtout au mois de décembre, où les choses se sont vraiment très bien passées”, a déclaré à l’AFP son patron, Patrick Thomas, 65 ans, qui cogèrera dès juin avec Axel Dumas la maison créée en 1837, avant de passer la main.
Le chiffre d’affaires en 2012 a ainsi bondi de 22,6% (16,4% à taux de changes constants), tiré par la forte dynamique des ventes en Asie, où Hermès a engrangé près de la moitié de ses recettes.
Mais le marché américain a lui aussi affiché une forte progression. Les ventes en Europe ont un peu moins augmenté, mais de plus de 15% néanmoins, la France faisant +12,2%.
Le fabricant des célèbres carrés de soie et des sacs Kelly et Birkin, installé rue du Faubourg Saint-Honoré, avait relevé deux fois ses prévisions en 2012 mais finit encore plus haut que prévu.
Car le quatrième trimestre a été “excellent”, permettant d’engranger plus d’un milliard d’euros d’octobre à fin décembre. Hors effets de change, il a même été le meilleur de l’exercice.
Du coup, la marge de 2012 va atteindre un nouveau record, au-delà des 31,2% de 2011, qui était le meilleur score depuis l’entrée en Bourse en 1993. Et Hermès, qui publiera ses résultats le 21 mars, va verser aux actionnaires un acompte sur dividende de 1,50 euro par titre.
Le problème d’un manque de stocks pour les fêtes de fin d’année, surtout en maroquinerie, que redoutait Patrick Thomas en novembre, ne s’est pas concrétisé: “On n’avait pas des mois de réserves mais les magasins avaient probablement mis quelques stocks de côté”, a-t-il dit.
Hermès cumule les superlatifs depuis plusieurs exercices. En 2011, les ventes avaient atteint le pic de 2,84 milliards d’euros. Le chiffre d’affaires a doublé depuis 2008 (1,76 milliard d’euros).
En 2012, les ventes ont bondi dans toutes les divisions, de la maroquinerie, qui a profité de deux nouveaux ateliers en France, aux vêtements et accessoires (deuxième plus gros pôle), en passant par la soie et les textiles, aidés par de nouveaux formats et de nouvelles matières et couleurs, par la bijouterie, les arts de vivre, les parfums, l’horlogerie et les arts de la table.
Alors que beaucoup craignent l’impact d’un ralentissement en Chine, “nous ne voyons nulle part ni un secteur ni une région qui commence à fléchir”, a souligné M. Thomas. “En Chine au 4e trimestre, les ventes se sont accélérées très fortement. Le dernier trimestre de l’année a été moins fort que les précédents en Europe, mais il a été beaucoup plus fort en Chine, au Japon et aux Etats-Unis”.
Pour 2013, Hermès se veut toutefois “prudent”. “L’euro fort peut avoir un impact sur le volume des ventes ici en Europe”, selon M. Thomas. Par ailleurs, en Europe et “en France en particulier”, où la morosité économique pèse, “on voit bien que l’achat moyen de certains clients baisse”.
Le groupe a augmenté ses capacités de production en 2012, a ouvert deux succursales (à Taïwan et en Chine) et en a agrandies six autres.
Une seule ouverture est prévue en 2013, au sud de Shangai, ainsi que “11 ou 12 rénovations ou agrandissements”.
Concernant la bataille contre LVMH, entré par surprise au capital fin 2010 et qui possède 22,3% du sellier, Hermès s’est dit “étonné” auprès de l’AFP de la position de l’Autorité des marchés financiers (AMF).
L’AMF a enquêté sur les conditions de réalisation de l’opération, puis notifié des griefs à LVMH et le dossier doit passer prochainement en Commission des sanctions. Mais le président de l’AMF Gérard Rameix a déjà laissé entendre en octobre qu’il n’y avait eu ni manipulation de cours ni délit d’initié. Les griefs notifiés à LVMH portent donc a priori sur d’autres points.
Hermès a parallèlement porté plainte en justice. Le parquet de Paris a ouvert une enquête préliminaire pour manipulation de cours, délit d’initié et complicité.
Interrogée, l’AMF n’a souhaité faire aucun commentaire.