La messe serait-elle dite? Un conseil de sages, composé de 16 personnes, dont sont exclues les femmes sous-entend soit que l’on considère qu’elles n’ont pas de sagesse ou qu’elles ne sont pas assez qualifiées pour apporter leur contribution dans un moment aussi crucial pour leur pays.
Alors que se multiplient les initiatives pour trouver une issue à la grave crise politique qui secoue la Tunisie, les femmes sont exclues de la concertation au plus haut niveau. En témoigne la composition du Conseil des sages avec Mustapha Filali, Ahmed Mestiri, Abdeljalil Temimi, Iyadh Ben Achour, Fethi Touzri, Hmida Ennaifer, Slaheddine Jourchi, Kais Saied, Nejmeddine Hamrouni, Hamouda Ben Slama, Ben Issa Demni, Mansour Moalla, Abdelfatah Mourou, Hichem Djait, Abou Yaareb Marzouki et Rachid Ammar, et présidé par Hamadi Jebali, chef d’un gouvernement soucieux de cohésion et d’unité nationale.
Pourtant, il y en a des femmes qui auraient pu trouver leur place dans ce Comité et apporter des suggestions, des propositions, une voix… La liste serait trop longue à faire mais voir une femme parmi les sages du pays était impératif, et surtout montrerait que la Tunisie se dirige vraiment vers la sagesse.
Il était vital de passer un message et pas un autre. La position, le rôle et l’apport des femmes tunisiennes sont évidents et donc non négociables. Les Tunisiennes sont à leur place là où se trouve l’intérêt de leur pays, de leurs concitoyens, de leurs enfants, de leurs familles, de leurs entreprises…
Cette exclusion n’augure rien de bon pour l’avenir, car elle plie l’échine devant une vision au mieux traditionaliste et paternaliste et au pire rétrograde et sexiste qui ne ressemble en rien à ce qu’est la Tunisie et la révolution.
L’instant est grave, et au règne de la confusion, des jeux d’influence, du mélanges des genres, des double discours et des contradictions, on assiste à des revirements surprenants et pas toujours d’où l’on pense.
Aujourd’hui, la voie pour l’égalité s’obstrue autant dans la vie politique que sociale par des forces rétrogrades qui tirent en arrière. Il ne fallait pas rater ce moment fort pour confirmer, rassurer et imposer un soutien inconditionnel aux femmes autant qu’au pays et à l’intérêt national. Cet avenir ne pourra jamais se faire sans elles. N’oublions jamais que “la femme est l’avenir de l’Homme“.
Le chemin reste ardu mais on ne peut s’empêcher d’avoir des pensées pour ceux qui ont osé un jour et qui ont cru qu’une société ne pouvait s’épanouir qu’avec l’équilibre des forces et de ses ressources humaines.
On ne peut s’empêcher de penser à Cheikh Djait, à Tahar Haddad, à Fadhel Ben Achour, à Bourguiba… On ne peut s’empêcher de penser aux sacrifices de Majida Boulilla, Fatma Fehriya, Aziza Othmana….