Pour Tarak Cherif, président de la Confédération nationale des entreprises citoyennes de Tunisie, (CONECT), l’initiative de Hamadi Jebali pour la constitution d’un gouvernement de technocrates doit être mise dans son véritable contexte. «Sur tous les plans, politique, économique, social et surtout sécuritaire, la situation ne fait que s’aggraver. L’assassinat de feu Chokri Belaid a constitué la ligne rouge que le pays a malheureusement franchi».
Personne ne peut prédire les suites et les conséquences immédiates et futures de la situation de la Tunisie aujourd’hui, estime Tarak Cherif, car ce qui est certain c’est que tous les Tunisiens sentent que le processus de transition démocratique ainsi que le pays entier sont sérieusement et réellement menacés. Face à de tels dangers, les appartenances politiques, les préférences et les considérations d’ordre électoral deviennent secondaires et inopportunes. «Nous avons plutôt besoin d’un élan général et d’une action rapide et commune pour sauver notre pays. Les évènements de janvier 2011 ont donné la preuve au monde entier qu’aux moments décisifs les Tunisiens oublient les appartenances, se présentent unis et agissent en parfaite cohérence».
La CONECT, estimant qu’elle a un rôle à jouer dans le domaine socioéconomique du pays, a convoqué dimanche dernier (10 février) une réunion extraordinaire de son Conseil d’administration qui regroupe, en plus des membres de son Bureau exécutif, les présidents de ses Bureaux régionaux, les présidents de ses Groupements sectoriels et les membres de son Comité des Sages. En conséquence de quoi, décision fut prise de soutenir l’initiative Jebali, et des propositions furent avancées visant à lui assurer les meilleures chances de réussite.
«Nous avons insisté sur la nécessité de limiter le nombre de ministères par le regroupement de certains portefeuilles, mais également de fixer un deadline pour l’élaboration de la nouvelle Constitution, son adoption et l’organisation des élections législatives et présidentielle ne dépassant en aucun cas les neuf mois», précise M. Cherif.
Le souci de la CONECT restant purement économique, la Confédération a relevé que plus que les mesures et les incitations d’ordre économique, la reprise de la confiance, la sécurité, la lutte contre le recours à la violence ou même la menace de violence, la contrebande et les circuits parallèles, constituent les éléments fondamentaux et préalables pour rassurer les partenaires internationaux et relancer le secteur privé. «Pour nous, il est impératif que le prochain gouvernement retienne ces éléments comme objectifs prioritaires et ce dont nous ne doutons pas, si c’est un gouvernement de compétences nationales comme prévu».
La CONECT a également pris l’initiative d’inviter de nombreuses autres organisations patronales, syndicales et d’entreprises à se joindre à elle pour lancer une campagne commune de sensibilisation et d’appui à de telles actions afin de sauver le pays de ces dangers réels.
«Les administrations, les institutions et les services publics piétinent et sont pratiquement en situation d’attente. Il faut agir avant qu’il ne soit trop tard», prévient Tarak Chérif. Et c’est pour cela que le gouvernement de compétences nationales doit être mis en place dans les plus brefs délais. Il doit être formé de compétences indépendantes et expérimentées qui soient immédiatement opérationnelles: «De cette manière, nous aurons des vis-à-vis avec lesquels nous pourrions discuter les mesures urgentes et adéquates à prendre pour sauver notre tissu économique dans l’intérêt général. Il faut aussi que toutes les parties agissent de manière responsable, changent de comportement et apportent leur contribution à cette action nationale et patriotique. L’heure est au travail et non aux discours stériles et aux revendications irréalistes».