Non seulement Attijari Wafa Bank veut ajouter dans son juron “francophone“ le Niger et le Bénin, mais la banque marocaine a désormais des visées sur l’Afrique anglophone et lusophone. C’est son PDG, Mohamed El Kettani, qui l’a déclaré au quotidien français les Echos et repris par le site Aufait Maroc du 12 février 2013.
M. El Kettani affirme que “Nous avons acquis dix banques en six ans et allons nous implanter au Niger et au Bénin. Nous comptons aussi nous développer dans l’Afrique anglophone et lusophone”.
Selon lui, cette démarche s’inscrit dans la volonté de “rendre hommage aux collaborateurs des entités du groupe dans les pays d’accueil, lesquels, en partageant la conviction de l’enrichissement par l’intégration Sud-Sud, ont permis d’accélérer l’internationalisation d’Attijari Wafa Bank à l’échelle continentale”.
M. Kettani ajoute également que sa banque “mise sur le développement des TPE (Très petites entreprises, NDLR), trop souvent obligées de se financer à des taux prohibitifs dans le secteur informel alors qu’elles sont essentielles au décollage économique”.
Mais le raisonnement du P-dg de la banque va plus loi : “ce décollage est aussi nourri par une hausse du taux de bancarisation, qui oscille encore entre 5 et 8% au sud du Maghreb”, notant, en revanche, que “les résultats sur la banque par téléphone portable laissent sceptiques”, bien que la banque dispose d’un “projet pilote au Mali”.
Par ailleurs, le dirigeant de la première banque marocaine et la sixième d’Afrique par le total de bilan a souligné que le continent a énormément changé depuis cinq ans et qu’il sera “l’une des poches de croissance forte des trente ans à venir, à l’issue desquels elle comptera environ 2,5 milliards d’habitants, un quart de l’humanité”.
“Les effectifs de ses classes moyennes, près de 300 millions de personnes, vont vraisemblablement doubler d’ici à 2030, grâce à ses PME, cœur du développement des sociétés, exigeant un accompagnement stratégique à l’instar de celui des grands travaux d’infrastructure et du commerce international”, soutient-il.
En outre, il estime à plus de 100 milliards de dollars les investissements dans les routes, les télécoms, les aéroports, l’électricité et l’irrigation au cours des cinq prochaines années. Pourtant, El Kettani pense que “l’Europe est en retrait en Afrique, du moins rapporté au rythme de progression asiatique, en particulier la Chine, mais aussi l’Inde, la Turquie, le Japon et la Corée…“.
On aura compris que le P-dg de la banque chérifienne veut occuper cette place laissée par les Européens.
On regrettera cependant que la communauté d’affaires tunisienne n’ait pas pareilles ambitions pour l’Afrique.