éricain Warren Buffett, le 5 octobre 2010 à Washington (Photo : Jemal Countess) |
[14/02/2013 23:03:33] NEW YORK (AFP) Le milliardaire américain Warren Buffett s’est allié au propriétaire de Burger King pour s’emparer du mythique ketchup Heinz, au terme de l’une des opérations les plus importantes de l’histoire de l’agroalimentaire.
La holding de la troisième fortune mondiale, Berkshire Hathaway, associée au fonds d’investissement brésilien 3G Capital, propriétaire de la chaîne de restauration rapide Burger King, va racheter l’entreprise fondée en 1869 à Pittsburgh (nord-est des Etats-Unis) sur la base d’une valorisation (dette comprise) de 28 milliards de dollars.
Selon les termes de cet accord, présenté comme “définitif” et qui a été approuvé à l’unanimité par le conseil d’administration de Heinz, les deux acheteurs vont verser 72,50 dollars par action de leur cible, soit une prime de 20% par rapport au cours de clôture de l’action Heinz la veille.
La holding du milliardaire apportera entre 12 et 13 milliards de dollars en numéraire, et le fonds 3G 4,5 milliards de dollars, a précisé M. Buffett sur la chaîne de télévision financière CNBC.
“C’est un jour historique pour l’industrie agroalimentaire”, s’est réjoui Alex Behring, directeur de 3G Capital, lors d’une conférence avec les analystes, ajoutant que “c’est vraiment une marque globale, avec une perception incroyable à travers le monde”.
Les nouveaux acheteurs prévoient aussi une extension des maturités de la dette supportée par Heinz et espèrent finaliser la transaction au troisième trimestre.
îtes de ketchup Heinz, le 14 février 2013 à San Francisco (Photo : Justin Sullivan) |
“C’est mon style d’opération et mon style de partenaire”, s’est réjoui Warren Buffett, dont la fortune personnelle est estimée à 44 milliards de dollars.
Celui qu’on surnomme l’Oracle d’Omaha, est connu pour son style de vie simple, son amour du Coca-Cola et des hamburgers, menu quasi quotidien de son déjeuner. Il n’est donc pas étonnant qu’il ait jeté son dévolu sur cette marque “all-American”.
Les investisseurs ont salué l’opération et l’action de Heinz a bondi de 20% à 72,50 dollars. Les agences de notation Standard and Poor’s et Moody’s se montraient moins enthousiastes et ont dit qu’elles envisageaient d’abaisser la note de Heinz.
La H.J. Heinz Company produit du ketchup et des sauces (dont la sauce Lea & Perrins), des snacks, des conserves et des aliments pour bébés.
Elle se porte bien. L’an dernier, Heinz a réalisé un bénéfice net de 923,1 millions de dollars pour un chiffre d’affaires de 11,6 milliards de dollars. Le groupe emploie 32.000 personnes dans le monde. Sa capitalisation boursière était de 19,4 milliards à la clôture de la Bourse mercredi.
Buffett est reparti à la pêche à la baleine
La dernière opération de rachat majeure de M. Buffett, 77,4% des parts qu’il ne possédait pas encore du groupe ferroviaire Burlington Northern Santa Fe pour 44 milliards de dollars, remontait à 2009.
“Warren Buffett a encore pêché la baleine”, a commenté le site d’analystes 247wallst.com, en faisant remarquer que l’investisseur le plus respecté des Etats-Unis renouait ainsi avec les méga acquisitions.
D’autant qu’il pourrait ne pas s’arrêter là. Fin octobre, M. Buffett assurait être dans les starting-blocks pour effectuer une grosse acquisition, fort d’un trésor de guerre de 40 milliards de dollars.
“Notre fusil à éléphants est chargé et j’ai le doigt sur la gâchette”, écrivait-il alors à ses actionnaires.
Jeudi, il affirmé sur CNBC qu’il était “prêt pour un nouvel éléphant”.
Avec le fonds 3G, il a approché le patron de Heinz, William Johnson, en décembre.
“Je pensais qu’ils venaient dîner avec moi parce que (3G) est propriétaire de Burger King et donc client, et qu’ils étaient mécontents. En fait, c’était des clients contents”, s’est amusé M. Johnson lors de la conférence d’analystes.
Le siège de Heinz va rester à Pittsburg. L’opération doit encore recevoir le feu vert des autorités de la concurrence et des actionnaires du groupe agroalimentaire, dont l’une des héritières est mariée au nouveau secrétaire d’Etat américain John Kerry.