Airbus (Photo : Remy Gabalda) |
[15/02/2013 23:09:41] PARIS (AFP) L’avionneur européen Airbus a opté pour la prudence et renoncé aux batteries au lithium pour son futur long-courrier A350, faute de certitude sur la sécurité entourant cette technologie après les graves incidents qui ont cloué au sol les 787 de son rival américain Boeing.
Airbus a “confiance dans le fait que l’architecture des batteries principales au lithium développées avec le groupe Saft pour l’A350 XWB est robuste et sûre. Cependant, à cette date, l’origine des deux incidents survenus sur les batteries au lithium demeure inexpliquée”, a expliqué à l’AFP Marcella Muratore, porte-parole du constructeur.
“Dans ce contexte, et dans une volonté de garantir le calendrier du programme, Airbus a décidé d’activer son +plan B+ et de revenir aux batteries nickel-cadmium, qui ont fait leurs preuves, pour l’entrée en service de son programme A350 XWB (Xtra wide body)”, a-t-elle ajouté.
Le fournisseur des deux types de batteries reste le fabricant français Saft, a indiqué Airbus.
Pour l’avionneur, l’enjeu reste l’exécution du programme et la fiabilité de l’A350 XWB. Il assure en outre que cette décision n’aura pas d’impact sur la mise en service de l’appareil prévue fin 2014.
Deux incidents ont endommagé les batteries au lithium du 787 Dreamliner, dernier né de Boeing, le 7 janvier à Boston, puis neuf jours plus tard au Japon, ce qui a entraîné l’interdiction de vol des 50 exemplaires en circulation dans le monde. Un mois après, les causes de ces incidents restent mystérieuses.
Les A350 et B787 sont deux avions de nouvelle génération utilisant des technologies assez proches, notamment le recours massif aux matériaux composites. L’A350 devait comme le 787 avoir recours aux batteries au lithium.
Airbus a néanmoins précisé que les premiers vols d’essais, dont le premier doit se dérouler cet été, se feront avec les batteries au lithium. Ces tests doivent évaluer notamment l’aérodynamique, les performances de l’avion, le système hydraulique ou la qualité du vol et peuvent être effectués avec n’importe quelle batterie.
En revanche, les tests ayant trait aux systèmes électriques devront être réalisés avec les batteries au cadmium.
Les batteries sont nécessaires pour mettre sous tension l’avion. Elles sont aussi un moyen de secours ultime pour utiliser les commandes de vol en cas de panne de tous les moteurs.
Les avionneurs, en quête de performance technologique, se sont tournés vers le lithium qui permet de stocker plus d’énergie à masse et à volume équivalents, ce qui permet une économie de consommation de carburant. Elles ne se déchargent pas et leur durée de vie est un peu meilleure.
Les batteries d’Airbus sont fabriquées par Saft, celles du Boeing 787 sont fabriquées par le japonais GS Yuasa.
Airbus avait jusqu’alors défendu ses propres batteries, affirmant qu’elles disposaient d’une architecture différente et plus sûre que celle de son concurrent.
Un porte-parole du constructeur aéronautique américain Boeing a pour sa part affirmé vendredi qu’il avait toujours “confiance dans la sûreté et la fiabilité” de ses batteries, rappelant que les “batteries lithium-ion offrent des avantages importants”.
“Rien ce ce que nous avons appris dans l’enquête nous amène à changer d’opinion sur les batteries lithium-ion”, a-t-il insisté.
Pour l’expert Richard Aboulafia, du cabinet spécialisé Teal Group, l’A350 utilise des systèmes hydrauliques et pneumatiques “un peu moins innovants, mais cette approche leur permet de changer plus facilement de batterie”.
“Le 787 repose sur une architecture plus électrique, ce qui nécessite des systèmes de secours plus rapides. Or les batteries lithium-ion sont difficiles à battre en termes de rapidité”, conclut-il.