érôme, le 7 février 2013 à Paris (Photo : Eric Piermont) |
[16/02/2013 09:34:48] PARIS (AFP) A 24 ans, Antoine Durieux est un jeune homme décidé, capable d’abandonner un double cursus à Polytechnique et Stanford sans un regret, pour lancer sa propre start-up de publicité culinaire en ligne, Chef Jérôme, symbole d’une génération numérique créatrice d’emplois.
“En France, j’ai appris à apprendre. Aux Etats-Unis, j’ai appris à rêver. Et maintenant, je continue à me former tout seul”, raconte ce jeune entrepreneur en passant la main dans sa barbe de deux semaines.
Avec une entrée comme major de sa promotion à Polytechnique et un master à la prestigieuse université de Stanford en Californie, le parcours d’Antoine Durieux offrait les meilleurs choix. Mais cet ingénieur né à Pontoise a préféré la “spirale entrepreneuriale” à la valse des diplômes, pour créer Chef Jérôme en septembre 2011.
La start-up de publicité en ligne permet aux enseignes de distribution alimentaire d’intégrer, sur des sites de recettes de cuisine, une interface d’achat personnalisée pour l’internaute. Avec Chef Jérôme, le gastronome qui consulte une recette de blanquette de veau sur un site voit apparaître un encart dans lequel il peut directement acheter les ingrédients de son plat en ligne, sans quitter le site.
Après un an de développement, il s’est lancé cet automne et rencontre un succès grandissant. Son jean délavé et son sac à dos de randonneur n’en disent rien, mais le chef d’entreprise travaille avec des professionnels importants de la distribution comme Casino ou Monmarché.fr. Après quelques mois d’activité, sa “boîte de petits jeunes” emploie quatre personnes et vient de signer un contrat avec Auchan.
Elevé au sein d’une famille “très portée sur la cuisine”, ce Parisien a réussi à marier son “péché mignon” avec son domaine d’expertise, le traitement des données et du langage. Son abandon du sérail académique a causé quelques frayeurs à sa famille, aujourd’hui démenties par ses premiers contrats.
“Le métier le plus facile du monde”
“Etre entrepreneur, c’est le métier le plus facile du monde parce qu’on fait quelque chose qui nous passionne”, dit Antoine Durieux. “La réussite et l’accomplissement de soi, c’est quelque chose qui résonne beaucoup plus chez les jeunes qu’il y a quelques années.”
L’aventure ne s’est pas faite sans écueil. Refus commerciaux de dernière minute, emprunts de taille, levée de fonds déterminante auprès du groupe Seb, l’ancien étudiant a joué aux “montagnes russes” avec ses émotions.
Le jeune entrepreneur a bénéficié d’un “environnement favorable” avant sa première levée de fonds. Chef Jérôme fait partie de l’incubateur Creanova, piloté par la Ville de Paris, a bénéficié du statut de jeune entreprise innovante, et reçu des fonds de la part d’Oséo, établissement aujourd’hui intégré à la Banque publique d’investissement.
“Le système français est bourré de subventions, d’aides, de crédits d’impôts recherche, de facilitateurs, etc. mais au final ce dont on aurait vraiment besoin, c’est que le gouvernement facilite les relations des petites entreprises avec les grands groupes”, explique Antoine Durieux. “Une petite entreprise sait beaucoup mieux innover que n’importe quel grand groupe, tout simplement parce que sa survie en dépend.”
Après l’industrie alimentaire, le publicitaire envisage de transposer son modèle à d’autres filières comme les arts créatifs, le bricolage ou la beauté.
L’entrepreneur nourrit aussi d’autres projets, dont un “fantasme personnel”: “sauver le patrimoine culinaire français” en créant un moteur de recherche qui fasse la part belle aux sites de cuisine amateurs.
“Beaucoup de gens publient des recettes d’une qualité incroyable sur leur blogs,” affirme Antoine Durieux. “Elles ne sont jamais vues par personne parce qu’elles sont mal référencées sur Google. Elles descendent progressivement au fond de l’internet sans que personne ne puisse en profiter.”